Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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La justice dans le Monde

30.01.2014 World Synod of Catholic Bishops Extraits du document «Justice dans le monde», pour se souvenir dans la journée mondiale de la justice sociale qui aura lieu le prochain 20 Février.

La justice dans le monde

Synode des Evêques

 

Introduction

Réunis du monde entier, en communion avec tous ceux qui croient en Jésus-Christ et avec toute la famille humaine, dans la disponibilité à l'Esprit qui fait toutes choses nouvelles, nous nous sommes interrogés sur la mission du Peuple de Dieu pour la promotion de la justice dans le monde.

Scrutant les signes des temps et cherchant à discerner le sens de l'histoire qui se fait, (…) entendant le cri de ceux qui souffrent violence et sont écrasés par les systèmes et les mécanismes injustes, tout comme le défi d'un monde dont la corruption contredit le plan du Créateur, nous avons pris conscience ensemble de la vocation de l'Eglise à être présente au cœur du monde pour annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle, aux opprimés la délivrance, aux affligés la joie.(…)

Le combat pour la justice et la participation à la transformation du monde nous apparaissent pleinement comme une dimension constitutive de la prédication de l'Evangile qui est la mission de l'Eglise pour la rédemption de l'humanité et sa libération de toute situation oppressive.

 

Crise de solidarité universelle

Le monde dans lequel l'Eglise vit et agit est prisonnier d'un redoutable paradoxe. Jamais encore les énergies à l'œuvre pour l'avènement d'une société mondiale unifiée n'étaient apparues aussi puissantes et dynamiques; elles ont leurs racines dans la conscience de la pleine égalité fondamentale et de la dignité humaine de tous. Les hommes, membres de la même famille humaine, sont inéluctablement liés les uns aux autres dans l'unique destin de la planète dont ils doivent partager la responsabilité. (…)

Les hommes commencent aussi à saisir une dimension nouvelle et plus radicale de l'unité en découvrant que les ressources, les précieux ensembles d'air et d'eau indispensables à la vie, la petite et fragile « biosphère » de tout ce qui vit sur terre, ne sont pas illimités mais qu'ils doivent au contraire être conservés et préservés comme le patrimoine unique de l'ensemble de l'humanité.

Le paradoxe est dans le fait que, dans cette perspective d'unité, les forces de division et les antagonismes accroissent de jour en jour leur pression. Les anciennes divisions des nations et des empires, des races et des classes, possèdent maintenant de nouveaux moyens techniques de destruction; (…) En même temps, de nouvelles divisions font leur apparition pour séparer l'homme de son prochain. L'impact du nouvel ordre industriel et technologique, s'il n'est pas combattu et dépassé par l'action sociale et politique, (…).

L'espoir qui s'était répandu au cours des vingt cinq dernières années — que la croissance économique produirait une si grande quantité de ressources qu'elle permettrait aux pauvres de se nourrir des miettes qui tomberaient de la table — s'est révélé vain dans les pays en voie de développement et dans les ilôts de pauvreté des pays développés, (…)

En outre la demande de ressources et d'énergie des pays plus riches — capitalistes ou socialistes — est telle (tout comme les effets de leurs déversements dans l'atmosphère et les océans) que les éléments essentiels de la vie terrestre que sont l'air et l'eau seraient irréparablement dévastés si les normes de haute consommation et de haute pollution en croissance constante devaient s'étendre à toute l'humanité.(…)

La forte poussée vers l'unité planétaire, le partage inégal qui laisse le contrôle des trois quarts des revenus, investissements et commerces, à un tiers seulement de la population du monde, celui-là qui jouit déjà du taux le plus élevé d'expansion, — tout comme l'échec du développement purement économique et la nouvelle compréhension des limites matérielles de la « biosphère » — nous ont conduit à prendre conscience du fait qu'il surgit dans le monde contemporain de nouveaux modes de concevoir la dignité humaine.(…)

Ce désir cependant ne saura combler les voeux de notre temps s'il ignore les obstacles objectifs que les structures sociales opposent à la conversion des cœurs, ou à la réalisation de l'accomplissement d'un idéal de charité. Elle exige le dépassement d'un état général de marginalité sociale, des blocages et des cercles vicieux qui deviennent des systèmes, empêchant la montée collective par l'accès à la jouissance d'une rémunération adéquate des actes de production et renforçant l'inégalité dans l'accès aux services et avantages sociaux pour une grande partie des populations. Si les pays et régions en voie de développement échouent dans leur libération par le développement, il y a un réel péril pour que leur situation, créée surtout par la domination coloniale, évolue en un néo-colonialisme dans lequel les nations en développement seront les victimes du jeu des forces économiques internationales.(…)

Pendant que nous réaffirmons de nouveau le droit à l'identité des peuples, nous découvrons aussi plus clairement l'impossibilité de se défendre contre la modernisation dépersonnalisante par le seul recours à des coutumes historiques intangibles et à des modes de vie vénérables. C'est, au contraire, en accueillant la modernité pour la faire servir au bien de la nation que pourra être créée une culture susceptible de constituer une véritable mémoire sociale agissante, créatrice d'une véritable personnalité, dans le concert des nations.

 

Injustices sans voix

Nous percevons dans le monde un ensemble d'injustices qui constituent l'essentiel des problèmes de notre temps et dont la disparition exige des efforts et des responsabilités à tous les échelons de la société, même de ceux qui concernent la société planétaire vers laquelle nous nous acheminons dans ce dernier quart du xx siècle. Aussi devons-nous nous tenir prêts à assumer de nouvelles charges et de nouveaux services dans tous les secteurs de l'activité humaine, et en particulier dans ce secteur de la société planétaire, si nous voulons vraiment que la justice soit mise en pratique.(…)

Ainsi en est-il, par exemple, des migrants, contraints bien souvent à quitter leur patrie pour chercher du travail, en face de qui, en maints endroits, les portes se ferment à cause d'attitudes discriminatoires, ou qui, si on leur permet d'entrer, sont souvent obligés de vivre dans l'insécurité en étant traités d'une manière infrahumaine. De même pour des groupes voués à un niveau inférieur de promotion sociale, tels que ceux des ouvriers et surtout des agriculteurs, qui ont pourtant une grande part dans le processus d'évolution. Particulièrement déplorable est le cas de millions de réfugiés, de tous les groupes ou peuples persécutés — souvent de façon institutionnalisée — à cause de leur origine raciale, ethnique ou tribale. (…)

Dans de nombreuses régions aussi la justice est très gravement bafouée chez ceux qui sont persécutés à cause de leur foi ou qui sont soumis incessamment et de multiples manières, par des groupes politiques et des pouvoirs publics, à une propagande athéiste oppressive ou qui se voient privés de la liberté religieuse(…)

La contestation de l'avortement légalisé, de l'obligation des moyens anticonceptionnels et les pressions contre la guerre sont des formes significatives de la revendication du droit à la vie.

Par ailleurs, la conscience de notre temps exige la vérité dans les systèmes de communication sociale, ce qui se traduit par un droit à l'objectivité de l'image présentée par les mass media, et donc à la possibilité de corriger sa manipulation.

Il faut souligner aussi que le droit, surtout pour les enfants et les jeunes, à l'éducation, à des conditions de vie et à l'usage de moyens de communication moralement sains, est de nouveau menacé dans notre temps.

Le rôle des familles dans la vie sociale n'est reconnu que rarement et insuffisamment par les pouvoirs publics.

Il ne faut pas oublier non plus le nombre croissant des personnes abandonnées par leur famille et la société: les vieillards, orphelins, infirmes et tous les délaissés.(…)

 

La justice salvifique de Dieu par le Christ

Dans l'Ancien Testament, Dieu se présente à nous comme le libérateur des opprimés et le défenseur des pauvres. Des hommes, il exige la foi en Lui et la justice envers le prochain. Seul celui qui observe les devoirs de la justice envers les hommes connaît véritablement Dieu, le libérateur des opprimés.

Dans son action et dans son message, le Christ a uni de façon indivisible la relation de l'homme à Dieu et sa relation aux autres.(…)

 Il s'est fait solidaire de ses « frères les plus petits », au point de dire: « dans la mesure où vous l'avez fait à l'un des plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25, 40).(…)

L'amour du prochain et la justice sont inséparables. L'amour est avant tout exigence absolue de justice, c'est-à-dire reconnaissance de la dignité et des droits du prochain. Et pour sa part la justice n'atteint sa plénitude intérieure que dans l'amour. Parce que tout homme est l'image visible du Dieu invisible et le frère du Christ, le chrétien trouve en chaque homme Dieu lui-même avec son exigence absolue de justice et d'amour.(…)

La mission de prêcher I’ Evangile exige, aujourd'hui, l'engagement radical pour la libération intégrale de l'homme, dès maintenant, dans la réalité même de son existence en ce monde. Si le message chrétien d'amour et de justice ne se réalise pas, en effet, dans l'action pour la justice dans le monde, il paraîtra difficilement crédible à l'homme d'aujourd'hui. (…)

L'Eglise, en tant que communauté religieuse et hiérarchique, n'a pas de solutions concrètes d'ordre social, politique ou économique pour la justice dans le monde. Mais sa mission comporte la défense et la promotion de la dignité et des droits fondamentaux de la personne humaine.

Les membres de l'Eglise, comme membres de la société civile, ont le droit et le devoir de poursuivre le bien commun comme les autres citoyens (…)

 

Pratique de la justice

Le témoignage de l'eglise

Un certain nombre de chrétiens sont conduits à de véritables « confessions » de la justice en divers modes d'action pour la justice, inspirées par la charité selon la grâce reçue de Dieu. Pour quelques-uns, cette action se situe dans le domaine des conflits sociaux et politiques dans lesquels les chrétiens rendent témoignage à l'Evangile en manifestant qu'il y a place dans l'histoire pour des sources de progrès autres que la lutte, à savoir l'amour et le droit.(…)

 Les droits, à l'intérieur de l'Eglise, doivent être respectés. Nul ne doit, parce qu'il est associé d'une manière ou d'une autre à l'Eglise, se voir priver des droits habituels. Ceux qui travaillent pour l'Eglise doivent recevoir des moyens suffisants de subsistance, et bénéficier d'assurances sociales, suivant les conditions des différents pays. (…)

Nous voulons aussi que les femmes reçoivent leur propre part de responsabilité et de participation dans la vie communautaire de la société et même de l'Eglise.(…)

L'Eglise reconnaît à tous le droit à une liberté convenable de parole et de pensée qui comprend le droit pour tous à être entendus dans un esprit de dialogue respectueux de la légitime diversité dans l'Eglise.(…)

Quel que soit l'usage qu'on fasse des biens temporels, il ne faut jamais arriver à rendre ambigu le témoignage évangélique que doit donner l'Eglise. Le maintien de certaines positions de privilège devrait continuellement être soumis au critère de ce principe. (…)

C'est notre foi qui exige de nous une certaine modération dans l'usage et l'Eglise doit 'livre et administrer ses biens de manière que l'évangile soit annoncé aux pauvres.  S'il en était autrement, l'Eglise apparaîtrait comme faisant partie des riches et des puissants de ce monde, et sa crédibilité en serait diminuée.(…)

Notre examen de conscience doit s'étendre au style de vie de tous: évêques, prêtres, religieux et religieuses, laïcs. Dans les pays pauvres, la question sera de se demander si l'appartenance à l'Eglise fait entrer dans un îlot de richesse au milieu d'un entourage général de pauvreté. Dans les sociétés de haute consommation, ce sera de se demander si nos styles de vie offrent l'exemple de cette modération de consommation que nous prêchons aux autres comme nécessaire pour nourrir les millions d'affamés dans le monde. (…)

Voir aussi http://jpicformation.wikispaces.com/FR_20Février

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