Très cher (e),
Paix et Bonheur à toi et aux tiens dans l'éclosion du printemps et de la joie de Pâques.
Depuis des mois, à Butembo nous envisagions le lendemain avec incertitude, nous vivons le présent dans l'insécurité, nous nous souvenons du passé récent avec crainte, parfois avec angoisse, souvent avec suspicion à l'égard des personnes qui nous entourent, et toujours avec trop de frustration et de colère pour la conduite corrompue et incompétente de ceux qui dirigent le pays.
Pourtant, les gens travaillent, chantent, rient, prient, se chamaillent, se marient et font des projets. Comme si rien ne se passait ? Insouciance, négligence, superficialité, tentative d'échapper au présent, résilience ? Peut-être un peu de tout. Mais récemment, une réflexion du cardinal Martini sur le psaume 6 m'a suggéré un point de vue différent. Il dit :
Dans la Bible, la louange est l'expression de la vie ; aujourd'hui, nous dirions que la louange est l'expression de l'être, c'est l'émerveillement devant l'être, devant le fait d'exister. Le prophète Isaïe dit : « Les vivants te louent, ô Dieu, comme je le fais aujourd'hui ».
C'est la vie qui loue Dieu, c'est le vivant qui loue. Je me souviens de la surprise de mes premiers jours au Burundi, lorsque les gens m'ont expliqué que la salutation matinale, notre « bonjour », est « Bwakeye », ce qui signifie littéralement « Le soleil brille encore pour toi ». Peut-être inconsciemment, notre peuple, dans la joie de l'existence, exprime une réponse d'espoir à la tentation du désespoir, une réponse de vie à la menace de la mort.
Bien sûr, dans l'exultation de la louange dans les églises, il y a beaucoup d'extériorité, presque de la théâtralité, mais quand cette étape de la vie et de l'histoire sera passée, les enfants et les jeunes d'aujourd'hui se souviendront des célébrations religieuses comme des moments de joie et non d'ennui, d’allégresse et non de tristesse, sinon de haute spiritualité.
Et mon activité missionnaire ?
Le livret de prières missionnaires en swahili, avec les prières chrétiennes en kinande, est déjà sorti (voici la photo de la couverture). Le livre que vous connaissez, Heshimu mwili wako ni hekalu la Bwana, a déjà été traduit et corrigé en kinande et en est à sa deuxième lecture : après Pâques, il sera mis sous presse. Sur les quatre textes de notre programme, le troisième - une sorte de manuel d'Animation Missionnaire - est déjà à mi-chemin de sa préparation.
La meilleure nouvelle est l'ouverture de l'Ecole-Taller de menuiserie pour les jeunes en difficulté. La date, toujours repoussée en raison de l'insécurité, est maintenant fixée au mardi après Pâques. L'image qui identifie cette école (reproduite ci-dessous) est celle d'un Combonien, le Frère Duilio, qui, avec le Père Elisée, a lancé le projet il y a une dizaine d'années. C'est un engagement important que notre province a pris et dont, pour le moment, je suis l'administrateur, en attendant l'arrivée d'un frère combonien congolais qui en prendra la direction.
Les visites aux paroisses se poursuivent, même si c'est avec des difficultés à cause de l'insécurité. Malgré les coupures d'électricité et d'internet, je continue à publier le bulletin mensuel de Justice et Paix en quatre langues, grâce à la collaboration de deux anciens collègues enseignants au séminaire de Kanyosha (Burundi, 1969-70) et d'une ancienne étudiante de l'Université d'Esmeraldas. De temps en temps, j'écris aussi des articles ou des projets pour Cuore Amico, qui soutient nos initiatives, et aussi pour d'autres institutions.
Une chose agréable : une amie « perdue de vue » du temps de ma présence à Esmeraldas (Équateur), avec qui j'avais vécu un très beau moment spirituel, a réussi à me retrouver grâce aux médias d'aujourd'hui. Une grande joie ! J'espère qu'avant l'adieu final, il en sera de même pour deux autres personnes, car il ne tient qu’à elles de me chercher.
Cette année, il y a aussi d’autres agréables coïncidences : le Samedi Saint tombe le jour même de mon ordination sacerdotale, et le Dimanche de Pâques coïncide avec l'anniversaire de ma première messe dans mon village, en avril 1968.
Grâce à la bonne santé du corps et de l'esprit, je peux maintenir presque le même rythme que d'habitude, ce qui en surprend plus d'un, outre moi-même ! C'est ainsi que l'on m'a confié une conférence pour les religieux et religieuses, le 2 février, fête de la vie consacrée, sur le thème de l'Année Sainte : Pèlerins de l'Espérance. Nous le sommes à double titre : parce que nous marchons dans ce monde pleins d'espérance, malgré tout, et parce que, dans un monde si enclin à l'angoisse, à l'anxiété et au doute, nous apportons avec nous cette richesse si rare sur le marché mondial : l'espérance. Une espérance qui, pour ceux qui croient en la résurrection, n'est autre que le Seigneur Jésus lui-même.
Joyeuses Pâques à tous !
Jean Paul,
Butembo, 4 avril 2025
PS. Je vous rappelle que mon e-mail, à partir duquel j'envoie ce message, est maintenant jampypezzi@gmail.com et mon téléphone WhatsApp +39 328 732 6990 et mon blog www.jpic-jp.org
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