L’Establishment. L'historienne américaine Carroll Quigley a écrit un ouvrage, peu connu mais brillant, intitulé, The Anglo-American Establishment : from Rhodes to Cliveden. Dans son livre Carroll explique comment les hommes de l’Empire tel que Cecil Rhodes, Alfred Milner, Lionel Curtis, Robert Brandet, Adam Marris ont élaboré des stratégies afin de contrôler le monde, comment ils déclenchaient volontairement des guerres telles que Jameson Raid et La Guerre des Boers qui a provoqué la colonisation britannique de l'Afrique du Sud. L’auteur s’est interrogée aussi sur la création du Commonwealth britannique, l'Institution des relations du Pacifique, et Le Conseil des relations internationales américaines. Ceci est l’Establishment. Rhodes est mort en 1902 mais l’Establishment anglo-américain continue à vivre et s’est même transformé au cours du temps. Actuellement, il est représenté par les groupes de gouvernance mondiale qui contrôlent effectivement les plus importantes ressources mondiales (l’or, les diamants, le pétrole, etc.), les banques y compris les services financiers et les plus grande institutions mondiales, tel le Fonds Monétaire International, l’Organisation Mondiale du Commerce et la Banque Mondiale.
Clinton (elle aussi) fait partie de l’Establishment. Cela fait aussi partie de son héritage de provoquer des guerres et de contrôler le système en alliance avec les entreprises mondiales. À ce jour, Clinton a levé un total de 446,4 millions de dollars, et Trump lui de 137,3 millions. Clinton a dépensé 349,6 millions et Trump 96,7 millions. Les fonds de Clinton proviennent presque entièrement de l’Establishment, alors que les fonds de Trump proviennent en grande partie de ses propres ressources. Clinton refuse toujours de publier les transcriptions de trois discours payés qu’elle a prononcés en 2013, lors d'un événement organisé par Goldman Sachs. Les discours lui ont, ensemble, apporté 675 000 dollars.
Clinton et Henry Kissinger. La famille Clinton est très proche de Kissinger, idéologiquement et aussi dans la vie personnelle. Ils passent souvent des vacances ensemble. Mais plus que ça, Hillary considère Kissinger comme son conseiller, son gourou. La personne qui définit le mieux l'idéologie de la « realpolitik » de Kissinger est Bernard Lewis, « l'expert » bien connu sur le Moyen-Orient et les études islamiques. Ses conseils à l'Occident, décapés de leur vernis scolaire, sont, en termes contemporains, plutôt simples : mener les guerres par procuration en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Somalie et au Sud en général ; embaucher des acteurs locaux à la place de ses propres soldats ; manipuler les médias pour fournir des « vérités » aux masses ; utiliser l'argent pour acheter les gens, acheter des gouvernements, acheter des nations entières ; et garder le loup (lire Poutine) à l’extérieur. Kissinger a développé le discours de Lewis au cours de la « Guerre froide » (toujours mettre Guerre Froide, entre guillemets, elle était « froide » pour eux, pour l'Afrique elle était bien « chaude »). En 1975, au cours d'une conversation avec l'ambassadeur américain en Turquie et deux diplomates, un turc et un chypriote, Kissinger a admis soutenir illégalement la junte militaire en Espagne, en Grèce et au Brésil. Il a dit à ses hôtes qu'il « avait contourné » un embargo officiel sur les armes alors en vigueur. En outre, les États-Unis ont absous le gouvernement militaire au Brésil des crimes de torture pour lui permettre de recevoir de l'aide américaine. Ces révélations post-facto sont maintenant documentées et rendues publiques par les dénonciateurs Assange, Manning et Snowden. Voir la vidéo que Hillary Clinton ne veut qu'aucun voit.
Il n’est donc pas surprenant que, dans les débats présidentiels démocratiques nord-américains le fantôme de Kissinger surgisse, comme Hamlet dans la pièce de Shakespeare, tapis derrière Hillary Clinton. Lors d'un débat sur la politique étrangère, Bernie Sanders, le candidat concurrent de Clinton, a fait référence aux relations étroites entre Clinton et Kissinger. « J'arrive à croire », a-t-il dit « que Henry Kissinger a été l’un des secrétaires d’Etat les plus destructeurs dans l'histoire moderne de ce pays ». Il a cité le bombardement secret du Cambodge pendant la guerre du Vietnam comme une mesure orchestrée par Kissinger, qui a finalement conduit au génocide dans ce pays. Clinton, après Kissinger, est une chauviniste impériale. Sous la direction de Clinton comme secrétaire d'État, les États-Unis et l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord sont allés au-delà du mandat leur donné par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies dans la guerre de Libye. La fin de la guerre a été la mort horrible de Kadhafi, coincé dans un trou infernal. Visionnant cet évènement, Clinton remarqua avec son cynisme caractéristique : « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort ». Voici une autre vidéo que Hillary ne voudrait pas qu'il soit vu: La mort de Kadhafi et la réaction de Hillary Clinton. J’ai été choqué quand j’ai vu cette démonstration de cynisme total et ce manque psychique de compassion. Elle est le « candidat de la guerre » de l’Establishment, et a rendu ses intentions largement claires en ce qui concerne l'Iran, Gaza/Palestine, la Syrie... et si elle en aura les moyens, la Russie et la Chine.
Trump, l'Ogre à grande bouche. Avec Trump, les nord-américains ont un candidat à la présidence qui s’est mis en quatre pour être désagréable. Il est régulièrement représenté avec le visage d'un chien dans les médias américains de l’Establishment. Et bien sûr, il a dit des choses désagréables sur les musulmans, les immigrés, les mexicains, les africains, en fait, sur quiconque s'est mis en travers de sa route. « Je me suis défoncé sur elle sur twitter et elle n'a jamais plus rien dit sur moi après ça », dit-il d'une de ses détractrices. « Nelson Mandela me plaît bien », a-t-il dit à une autre occasion, « mais l'Afrique du Sud est dans un désordre criminel qui est juste en attente d'exploser ; ce n’est pas une bonne situation pour les gens ! ». A propos du mouvement Black Live Matters, il a dit: « Le racisme n’existe plus. Nous avons eu un président noir donc il n’en est plus question de racisme. Est-ce qu’ils disent que la vie des noirs devrait compter plus que la celle des blancs ou des asiatiques ? Si la vie des noirs a beaucoup d’importance, qu’ils retournent en l'Afrique. Nous verrons à quel point là-bas leur vie aura de l’importance ». Trump est critiqué comme étant névrotique. Le journal américain, The Atlantic (Juin 2016) a publié un article sur lui, rédigé par Dan McAdams, intitulé : « L'esprit de Donald Trump ». Entre autres choses, McAdams dit que Trump est un extraverti, au caractère narcissique, « exubérant, ouvert et socialement dominant ». La caractéristique cardinale de l'extraversion est la recherche d’une récompense à court terme.
Mais, personne ne peut nier qu'il a vaincu 16 autres candidats républicains. Finalement, il fut désigné comme le candidat du Parti républicain. Le Parti garde maintenant ses distances avec lui et essaie plutôt de se concentrer sur gagner des sièges au Congrès plutôt que d’appuyer Trump. Mais quoiqu’il en soit, Trump continue d’avancer avec ses insinuations controversées, spontanées et « politiquement incorrectes » contre l’Establishment, galvanisant les jeunes qui sont malades et fatigués de la fracture béante entre les riches et les pauvres aux Etats Unis. Le journal britannique The Guardian explique le « grand paradoxe » de la politique américaine qui détient le secret du succès de Trump :
Trump est un « candidat d’émotions »... Il inspire une transformation émotionnelle. Puis il se réfère à cette transformation. Non seulement Trump suscite l'émotion, il en fait son objectif, la présentant de nouveau à ses supporteurs comme un signe de réussite collective... Ses partisans sont en deuil pour avoir perdu une mode de vie. Beaucoup sont découragés, d'autres déprimés. Ils ont grandement envie d’être fiers, mais ils ont plutôt honte...
Conclusion. La vérité est que personne ne sait ce qui se cache derrière le masque de Trump. Peut-être veut-il « défoncer la gueule » de l’Establishment. Peut-être est-il un « caractère narcissique » ne cherchant que des compensations à brève échéance. Quoi qu'il soit, il a mis l’Establishment, - tant les républicains que les démocrates - dans l’embarras. Trump a soulevé des questions que le peuple nord-américain aurait dû poser depuis longtemps. Pourquoi la jeunesse américaine est en colère contre l’Establishment ? Pourquoi la politique étrangère américaine est-elle un tel désastre ?
Trump pourrait faire la paix avec la Russie et la Chine. Pour l'Afrique, c’est bien. Le continent ne veut pas se laisser entraîner dans une autre guerre par procuration, comme lors de la « Guerre Froide ». Trump a choqué l’Establishment quand il a dit que s'il était président, les États-Unis pourrait ne pas venir défendre un allié attaqué de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord qui n'a pas rempli « l'obligation d'effectuer ses paiements ». L’Afrique devrait le pousser à aller plus loin : l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord devrait être démantelée comme la Russie l’a fait avec le Pacte de Varsovie. L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord est un danger pour la paix mondiale.
Trump s’est déclaré ouvertement contre les accords de commerce et d'investissement tels que le Partenariat Trans-Pacifique (TPP) et le Partenariat pour le commerce et l'investissement transatlantique (TTIP). A propos du TPP il a dit, « L'accord est de la folie... Cet accord ne doit pas être soutenu et il ne devrait pas être autorisé ». L'Afrique AUSSI, s’est prononcée contre ces accords de méga-commerce, tirés par les méga sociétés nord-américaines. Trump pourrait supprimer l’AGOA (Loi sur la croissance et les perspectives économiques de l’Afrique) qui est fait pour servir les Etats Unis, mais pas les intérêts de l’Afrique. Trump pourrait également supprimer l'initiative d'Obama « Power Africa ». C’est un plan de 7 milliards de dollars pour faciliter les investissements des entreprises des Etats Unis en Afrique. L'Afrique a besoin d'être libérée de ces outils de l'empire nord-américain.
Trump a critiqué la notion de « démocratie d'exportation » au pays du Sud en disant que ce n’est pas le travail des Etats Unis de dire à l’Afrique comment gérer ses propres pays. Exactement. Quoique différents politiquement, Trump et Jeremy Corbyn ont une chose très importante en commun. Ils ont tous deux sermonné l’opinion majoritaire des médias et l'ordre établi dans leurs pays respectifs. Comme Trump, Corbyn est attaqué non seulement par les Conservateurs, mais aussi par l’Establishment du Parti travailliste qui dirige le Parti travailliste au Parlement.
L'Afrique a pendant des siècles (au cours de la traite des esclaves et plus tard par la colonisation) été victime de l'Establishment. Corbyn et Trump ont tous deux un soutien impressionnant de la jeunesse de leur pays. Pourquoi ? Parce qu'eux aussi, comme les masses en Afrique, sont amers contre l'ordre mondial dominant. Nous pouvons ne pas communier avec Trump, mais il pourrait ouvrir un espace pour nous afin d'établir des liens de solidarité avec les gens des Etats Unis, en particulier les jeunes, qui souffrent également l'oppression de la part des seigneurs de la guerre de l’Establishment.
La sagesse traditionnelle veut qu’un diable connu vaut mieux qu'un ange inconnu. Bien sûr, Trump n’est pas un ange. Mais dans ce cas, et du point de vue d’un africain (éventuellement d'un tiers-mondiste), Trump comme un diable inconnu est beaucoup mieux que Hillary Clinton, le diable bien connu.
Source. http://yashtandon.com/clinton-or-trump-who-is-a-better-bet-for-africa/
Voir aussi
http://pikliz.com/trump-clinton-et-lafrique/
http://faceafrique.com/trump-clinton-et-lafrique/
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