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Equateur. Les indigènes Kichwa préservent la forêt tropicale

Mongabay 20.05.2020 Matthew Wilburn King Traduit par: Jpic-jp.org

La nécessité de conserver et de protéger les forêts mondiales est claire et urgente. Les peuples autochtones, tels que les Kichwa de l'Amazonie, ont reconnu la nécessité d'agir pour prévenir les pires effets du changement climatique, de la déforestation et des impacts sur les espèces. À cette fin, une communauté kichwa met en œuvre des pratiques d'agroforesterie innovantes et durables dans l’Amazonie équatorienne. Grâce à une combinaison unique d'approches de conservation fondées sur le marché et de pratiques agroforestières traditionnelles, ils diversifient leurs sources de revenus en protégeant la forêt amazonienne.

Population autochtone d'environ 55 000 personnes, les Kichwa vivent dans la forêt équatorienne qui s'étend des collines andines aux plaines amazoniennes. Ils sont tous très conscients des menaces qui pèsent sur leurs moyens de subsistance et leurs terres, une zone de plus d'un million d'hectares (2,5 millions d'acres) qui leur a été octroyée à la suite de la manifestation en 1992 à Pastaza où ils réclamaient leurs droits fonciers.

Les principales menaces sont les mêmes que dans le reste de l'Amazonie : les incendies de forêt, l'introduction de bétail et de routes, l'agriculture sur brûlis pour la monoculture - comme l'huile de palme -, l'invasion des établissements humains, ainsi que l'exploitation forestière illégale, l'exploitation minière et pétrolière, et l’extraction de gaz.

Une réponse communautaire

Face à ces menaces, un groupe de petits fermiers kichwa de la communauté nommée 24 de Mayo s'est organisé près de la ville de Loreto, dans la province d'Orellana. Ils mettent en œuvre des approches innovantes de la conservation des forêts sur les 6 000 hectares (14 800 acres) de leur communauté par l'intermédiaire de l'entreprise autochtone Ally Guayusa et d'un ensemble unique de partenariats.

« Nous sommes une coopérative de production, de récolte, de transformation et de vente de thé de guayusa [Ilex guayusa] biologique pour les marchés locaux et internationaux », affirme Léonor Andy, directrice générale d'Ally Guayusa.

Ally Guayusa a récemment établi un partenariat innovant avec la Fondation Aliados et Lush Cosmetics Charity Pot pour protéger les moyens de subsistance de l'Amazonie et des kichwa en diversifiant les sources de revenus des produits forestiers tout en protégeant les terres dont dépendent les kichwa.

La guayusa est une culture de revenu centrale importante pour leurs efforts. Le thé de guayusa biologique, un parent du yerba mate, joue un rôle important dans la culture kichwa et, de plus en plus, dans leurs efforts de conservation des forêts. « Il a été utilisé pendant des générations par les communautés kichwa », raconte Andy. « Traditionnellement, il est récolté directement dans la forêt, puis infusé comme thé. Il est consommé tôt le matin avant le lever du soleil pendant qu’on partage les rêves et en planifiant la journée ».

La guayusa, une espèce sauvage du houx qui pousse à des altitudes comprises entre 200 et 2 000 mètres, est également plantée et cultivée par les kichwa dans les systèmes agricoles agroforestiers traditionnels des petits exploitants. Ally Guayusa rassemble 103 des 250 familles de la communauté pour transformer leur récolte de guayusa en feuilles de thé et puis la vendre aux marchés locaux et mondiaux.

« Ces communautés ont besoin d'accéder à de l'argent pour compléter leurs modes de vie traditionnels et avoir un filet de protection pendant les périodes difficiles », dit Wain Collen, directeur exécutif de la Fondation Aliados et Kinship Conservation Fellow. « Ils pourraient obtenir de l'argent en défrichant leur forêt et en plantant des cultures non indigènes [par exemple, les palmiers à huile], mais cela porterait atteinte à la santé de l'écosystème, de leur maison. Au lieu de cela, nous travaillons avec eux pour cultiver des cultures indigènes qui sont produites sans dégrader la forêt, préservant ainsi la biodiversité et aussi l'habitat des animaux », déclare Collen.

Tradition et capacité croissante

Les kichwa ont traditionnellement pratiqué l'agroforesterie dans de petites parcelles appelées chakras, et ces efforts s'appuient sur cette expérience.

Ally Guayusa possède 40 hectares (99 acres) de forêt tropicale où elle cultive du guayusa certifié biologique. Elle travaille avec Aliados également pour expérimenter de nouvelles cultures afin d'intégrer avec succès des essences de bois, des arbres fruitiers, de la cannelle et de la citronnelle d'Amazonie avec les arbres de guayusa. L'objectif est de contribuer à la santé de la forêt tout en fournissant une source de revenus.

Avec un don de terre de la communauté 24 de Mayo, une subvention de Lush Cosmetics et un prêt sans intérêt de la Fundación Crisfe, les Kichwa ont désormais la capacité de produire jusqu'à 1 600 kilogrammes de thé guayusa par mois, selon Andy. Cela peut générer jusqu'à 150 000 dollars par an, dont 40% vont aux agriculteurs familiaux pour payer le thé qu'ils récoltent et le reste est consacré au fonctionnement et à la gestion de la coopérative, déclare Collen.

Lush Cosmetics, dans ses efforts pour financer les communautés autochtones et la protection de l'environnement, a été une source importante de fonds pour Ally Guayusa. « Nous avons financé les manchons industriels, l'emballage, les produits d'étanchéité et d'autres choses pour obtenir des améliorations du contrôle de la qualité », affirme Tricia Stevens, responsable des dons de bienfaisance pour Lush Cosmetics North America. « Nous avons également financé des cours de formation, la certification biologique, la gestion financière des affaires, la gestion des terres et des laboratoires de conservation ». L'intégration des connaissances traditionnelles kichwa avec les dernières approches de conservation basées sur le marché encourage la gestion durable de l'agroforesterie par rapport aux pratiques agricoles plus destructrices.

Maximiser les ressources

La combinaison des ressources a augmenté la capacité des Kichwa à cultiver des cultures de revenu indispensables, telles que la guayusa, augmentant ainsi les revenus et la capacité de régénération de la terre.

Lors de la conversation avec les membres de la coopérative, il a été clair que ces efforts leur redonnent espoir. Selon un agriculteur, Ricardo Huatatoca, la vente de guayusa l’a aidé à fournir les moyens de subvenir aux besoins de sa famille et de payer l'éducation de ses enfants. « Si nous avons un peu de tout, café, riz, chocolat, poulet et guayusa, nous pouvons survivre et ne pas dépendre d'un seul produit », affirme-t-il.

Un autre membre de la coopérative, Nelson Grefa, dit que la guayusa « peut nous sortir de la pauvreté, peut montrer à nos enfants la voie vers plus d'activités à l'avenir ». Il ajoute qu'il y a aussi un impact environnemental positif important : « La plante produit des feuilles toute l'année et ne nécessite pas beaucoup de soins. Aucun arbre n'est abattu, seules les feuilles sont récoltées et la forêt reste intacte ».

La combinaison d'approches de conservation fondées sur le marché et de pratiques agroforestières traditionnelles protège non seulement la culture kichwa, les moyens de subsistance et le système écologique dont ils dépendent, mais présente l'avantage supplémentaire d'atténuer le changement climatique, tout en maintenant les forêts intactes afin qu'elles puissent continuer à absorber le dioxyde de carbone.

Outre les avantages environnementaux et financiers, l'approche kichwa leur permet de continuer à vivre et à travailler sur leur territoire d'origine. Leur présence continue dans tout le territoire kichwa « peut fournir une couche supplémentaire de protection pour les 6 000 hectares de la communauté 24 de Mayo, en particulier en ce qui concerne les bûcherons, les mineurs et les braconniers illégaux », affirme Collen.

Texte original : Il Kichwa dell'Ecuador implementa un approccio innovativo alla conservazione della foresta pluviale

Photo. Leonor Andy, directrice d'Ally Guayusa, à côté des feuilles en croissance de l'arbre Guayusa utilisé pour faire du thé. Photo de Matthew Wilburn King.

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