En seulement quatre mois, le virus s'est propagé de Chine dans le monde entier. À la mi-avril 2020, un quart de la population mondiale était en confinement. Fin juin, l'infection dans le monde continue d'augmenter, avec plus de 10 millions de cas confirmés. Le bilan mondial des morts dépasse le demi-million (NYT, 29 juin 2020). « L'histoire nous enseigne que les pandémies peuvent changer radicalement les choses. Le Covid-19 changera-t-il aussi radicalement l'histoire ? »
Quels sont les impacts du Covid19 ? L'accent est mis sur l'économie. Avec de nombreuses personnes en confinement et sans travail, toutes les projections et tous les plans faits en janvier 2020 se sont effondrés. De la croissance mondiale prévue de 3,3%, à la menace d'une croissance fortement négative, la seconde partie de 2020 renoue avec de faibles espoirs de surmonter rapidement la dure réalité de la crise économique mondiale.
Cette crise économique affectera encore plus les pauvres et les pays les moins développés, selon le rapport d'Oxfam International, « Dignity not Destitution » du 9 avril 2020 : « Le Covid-19 pourrait plonger un demi-milliard de personnes dans la pauvreté ». Deux mille cinq cents milliards de dollars sont nécessaire pour fournir « de l'argent à ceux qui ont perdu leurs revenus et un renflouement pour les petites entreprises vulnérables », et « effacer la dette de mille milliards de dollars que les pays pauvres et en développement doivent payer en 2020 aux pays plus riches et institutions ». Toutefois, « les pays riches, qui empruntent des sommes énormes pour leurs propres besoins intérieurs, penseront-ils à répondre au sort des pauvres dans le monde ? », demande Sean McDonagh SSC dans son article « Comment le Covid-19 façonnera-t-il l'avenir ? ».
Cependant, une nouvelle perspective se dessine qui relie la pandémie de Covid19 à la destruction de la biodiversité. McDonagh rappelle l'expression espagnole, « Dieu pardonne toujours, nous pardonnons parfois, la nature ne pardonne jamais », que le pape François a citée tout en se concentrant, toutefois « exclusivement sur l'élément humain de la crise ». D’ailleurs, « de nombreux commentateurs du Covid-19 n’ont fait aucun lien entre le virus et la destruction du monde naturel qui, en un peu plus de deux décennies, nous a donné le Covid-19, le SRAS, le MERS, Ebola, le VIH, Zika et H1N1 ».
Sean McDonagh ajoute : « Personne n'a mentionné le fait que la déforestation à grande échelle, la dégradation de l'habitat, l'agriculture intensive, le commerce des espèces et le changement climatique contribuent tous à la perte de biodiversité et, ce faisant, facilitent la montée de nouvelles pandémies. Depuis longtemps, nous savons que les virus et les agents pathogènes sont passés d'autres espèces à la population humaine. Cependant, la destruction de la biodiversité signifie que ces événements se produisent beaucoup plus fréquemment maintenant que par le passé. Pire encore, les pandémies continueront de se produire à un rythme encore plus élevé à l'avenir, à moins que nous ne modifiions certaines des pratiques énumérées ci-dessus ».
Aujourd'hui, la science sait mieux faire face à une pandémie grâce aux traitements ou aux vaccins, mais « étant donné que les humains colonisent chaque écosystème, nous pouvons nous attendre à de plus nombreuses et, souvent, à de plus meurtrières pandémies à l'avenir », conclut-il.
Dans le marché ‘ humide ’ de Wuhan, d’où le virus s’est propagé partout, « des animaux qui se rencontrent rarement dans la nature tels que les civettes, les chiots loups et les pangolins sont entassés dans de petites cages, souvent dans des conditions de saleté. Il s'agit d'un environnement idéal pour incuber les maladies ». « Interdire les marchés de la faune pour éviter les pandémies », et aussi les marchés ‘ humides ’, demande un savant, chef de la biodiversité des Nations Unies.
Il faut le remarquer, les Chinois ne sont pas les seuls à échanger des animaux sauvages. Dans le Los Angeles Times du 2 avril 2020, Viveca Morris, écrit : « Chaque année, les nord-américains paient pour capturer, emballer et importer des centaines de millions (sic !) d'animaux vivants pour l'agriculture, les industries, les animaux de compagnie, des aquariums et d'autres utilisations ». « Le COVID-19 nous a montré que ce que nous faisons aux animaux nous tue aussi ».
Et qu'en est-il de nos fermes modernes et industrielles ? Elle répond : « Dans de nombreux endroits, nous entassons du bétail, des porcs, des poulets, des dindes et d'autres animaux dans des espaces de vie bondés. Ces situations peuvent devenir un terrain fertile pour les agents pathogènes viraux et bactériens, donc pour éviter que cela ne se produise, nous remplissons leur alimentation d’antibiotiques. Bien sûr, cela crée les conditions parfaites pour que les agents pathogènes résistants aux antibiotiques se développent et prospèrent. Nous, les humains, en payons le prix sous la forme d'infections résistantes aux médicaments.
La conclusion de Viveca Morris est un conseil pour l'avenir : « La façon dont les humains détruisent une grande partie du monde naturel et s'engagent dans l'agriculture industrielle est basée sur l'idée erronée que ce que nous faisons au monde naturel n'aura pas d'impact négatif sur la santé et le bien-être des humains. Le Covid-19 nous dit que c'est faux. Soit nous changeons radicalement nos relations avec le monde naturel, soit nous nous préparons à la prochaine pandémie. Le choix est entre nos mains. »
Pour en savoir plus, voyez How Covid-19 Will Shape The Future?
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