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Toutes les façons dont le Rwanda soutient le groupe armé congolais M23

Mondo 17.03.2025 Antonella Serrecchia Traduit par: Jpic-jp.org

Le gouvernement rwandais a d’abord nié, puis adopté une posture ambiguë, mais les preuves sont nombreuses : par exemple, des soldats rwandais combattent aux côtés des miliciens

Dans une interview les semaines dernières, interrogé sur les accusations répétées selon lesquelles des milliers de soldats rwandais combattraient dans ses rangs, le leader politique du groupe armé congolais M23, Corneille Nangaa, a déclaré : « Je ne sais pas, je ne les ai pas vus. Eux peuvent avoir leurs preuves, moi je dis que je n’en ai pas ». Par « eux », il entend un groupe d’experts mis en place par le Conseil de sécurité de l’ONU en 2004 pour surveiller, entre autres, l’activité des nombreux groupes armés actifs en République démocratique du Congo (RDC) et leurs réseaux de soutien.

Ces experts affirment que le Rwanda soutient le M23 depuis sa première offensive contre l’armée régulière congolaise en 2012, et qu’au cours des dix dernières années, il l’a aidé à devenir la milice organisée et efficace qu’elle est aujourd’hui.

Le président rwandais Paul Kagame a toujours nié ces accusations. Mais récemment, il a adopté une position plus ambiguë, déclarant – comme Nangaa – ne pas savoir si les soldats de son armée combattent de l’autre côté de la frontière. Une chose pourtant peu probable, étant donné qu’il est le commandant en chef des forces armées.

Selon les experts de l’ONU, cela est non seulement vrai et prouvé, mais les Forces de défense du Rwanda apportent un « soutien systématique » et sont « en réalité aux commandes des opérations » du M23. Dans leurs rapports, ils identifient trois formes principales de ce soutien : la présence directe de soldats rwandais en RDC ; la formation des nouvelles recrues ; et la fourniture d’un équipement militaire sophistiqué.

L’implication militaire du Rwanda en RDC ne date pas d’hier. Elle remonte aux années 1990, liée historiquement aux causes du génocide ethnique de 1994, orchestré par le gouvernement hutu et ses milices alliées, qui a fait plus de 800 000 morts – principalement des Tutsis, mais aussi des Hutus modérés opposés aux massacres – en à peine 100 jours.

Le génocide a pris fin lorsque la milice dirigée par Kagame est entrée dans la capitale Kigali et a mis en place un gouvernement à majorité tutsie. À ce moment-là, de nombreux Hutus – y compris certains responsables du génocide – se sont réfugiés en RDC. Certains d’entre eux ont fondé les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une milice hutue encore active aujourd’hui, que Kigali considère comme une menace pour sa sécurité nationale. Depuis lors, le Rwanda soutient de diverses manières les milices tutsies en RDC, notamment le M23.

Les FDLR ne représentent pas une réelle menace militaire pour le gouvernement rwandais, du moins pas d’un point de vue opérationnel : « elles sont trop petites et trop éloignées », explique Koen Vlassenroot, professeur de sciences politiques à l’Université de Gand et chercheur à l’Institut Egmont. « Mais d’un point de vue idéologique, oui, car elles peuvent susciter la peur au sein de la société rwandaise ». En soutenant les milices tutsies dans l’est de la RDC, le Rwanda chercherait donc à créer une sorte de zone tampon pour se protéger de potentielles attaques.

Il pourrait cependant y avoir d’autres raisons motivant ce soutien. L’une d’elles concerne les mines : les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu – où le M23 a conquis de vastes territoires ces trois dernières années – regorgent de matières premières très prisées sur le marché international. Il est bien connu qu’une partie de cette production est acheminée illégalement vers le Rwanda, qui l’exporte ensuite à l’échelle mondiale.

Une autre raison, soulignée notamment par Vlassenroot, pourrait être la détérioration des relations entre Kigali et Kinshasa. Le président congolais Félix Tshisekedi a récemment signé des accords militaires et de coopération minière avec l’Ouganda, rival historique du Rwanda. Par ailleurs, Kagame l’accuse de soutenir les FDLR et de ne pas tenir compte des revendications des Tutsis congolais. Le soutien au M23 serait alors une manière pour Kigali de faire pression sur le gouvernement congolais et de le contraindre à se plier à ses intérêts politiques et économiques.

D’après les rapports du panel d’experts de l’ONU, entre 3 000 et 4 000 soldats rwandais seraient actuellement en RDC aux côtés du M23. De nombreuses preuves corroborent cette affirmation : des photographies, des images satellites, des témoignages d’autorités locales, d’acteurs humanitaires, d’ex-combattants du M23 et d’autres groupes armés, qui affirment avoir vu des hommes en uniforme rwandais dans les bases du M23 et lors de combats. Les experts affirment même avoir obtenu des confirmations de la part de soldats rwandais eux-mêmes.

Outre leur participation aux opérations militaires, des officiers rwandais forment les miliciens pour qu’ils agissent comme une armée régulière, dans des camps situés près de la frontière. L’un de ces camps, à Tchanzu, a vu, entre septembre et octobre de l’année dernière, 3 000 nouvelles recrues terminer cinq mois de formation. Une part importante de ces recrues sont mineures : les adolescents de plus de 15 ans sont formés au combat comme des adultes, tandis que les plus jeunes aident les officiers dans diverses tâches.

Les formations comprennent des modules pratiques – maniement des armes, tactiques de combat en milieu naturel – et d’autres plus théoriques, comme les règles d’engagement (c’est-à-dire quand et comment faire usage de la force, selon les standards militaires).

Il y a aussi une phase que l’ONU qualifie d’« endoctrinement » : des cours sur les valeurs et idéaux politiques du M23, l’histoire, les institutions et l’identité congolaise, le « rôle des femmes et des jeunes dans la révolution », le patriotisme. On leur enseigne également comment recruter de nouveaux membres et collecter des informations utiles à la milice.

Cet endoctrinement est particulièrement crucial lorsqu’il s’agit de recruter d’anciens soldats de l’armée ou des forces de sécurité congolaises, comme cela a été le cas après la prise de Goma en janvier de cette année. Même si l’armée congolaise est sous-équipée et mal rémunérée, elle compte entre 100 000 et 200 000 hommes, bien plus que les quelque 3 000 combattants estimés du M23.

Le troisième pilier du soutien rwandais concerne les armes. Le M23 dispose aujourd’hui d’un arsenal bien plus sophistiqué qu’il y a dix ans, incluant des armes encore jamais vues en RDC, ni dans l’armée régulière ni parmi les autres milices.

Des preuves attestent de l’utilisation d’armements si coûteux, complexes et difficiles à manœuvrer qu’il est « hautement improbable » que le M23 ait pu s’en procurer sans aide extérieure. « C’est clairement grâce au soutien militaire reçu qu’ils ont pu atteindre Goma », affirme Clémentine de Montjoye, de Human Rights Watch.

Voir, Tutti i modi in cui il Ruanda appoggia il gruppo armato congolese M23

Photo. Miliciens du M23 à Bukavu, le 22 février 2025 © Hugh Kinsella Cunningham/Getty Images

 

 

 

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Les commentaires de nos lecteurs (1)

Paul Attard 28.04.2025 Kagame is a snake, just like the one in the Garden of Eden!