Les organismes internationaux au cours de cette pandémie sont sous examen et certainement pour de nombreuses et bonnes raisons. Cependant, même dans les champs de mauvaises herbes, on peut récolter du bon blé. Les Nations Unies ont fourni de nombreux instruments juridiques et des accords entre ses États membres pour soutenir la revendication de la justice sociale.
Le FMI (Fonds Monétaire International), pour sa part, peut jouer un rôle en apportant des liquidités et en renforçant les réserves officielles des pays membres, et limiter ainsi la diffusion de la pauvreté en cas d’urgence comme pendant la crise du Covid19. Il s’agit des Droits de tirage spéciaux (DTS) créés en 1969 pour compléter un déficit d'actifs dans la réserve de devises préférés, à savoir l'or et le dollar américain. C'est aussi un outil de gouvernements pour prévenir le risque souverain. Une nation est une entité souveraine. Tout risque découlant des situations où un gouvernement est en impossibilité de rembourser une dette ou d’honorer un accord de prêt est un risque souverain. Le FMI alloue ces DTS aux pays ; les parties privées ne peuvent ni les détenir ni les utiliser.
En août 2009, les DTS existants s'élevaient à environ 21,4 milliards XDR (code monétaire du FMI, 1 XDR = 1,2 € ou 1,4 $, cf. infra). Pendant la crise financière mondiale de 2009, 182,6 milliards XDR supplémentaires ont été alloués pour fournir des liquidités au système économique mondial. En octobre 2014, le nombre de DTS existants était de 204 milliards XDR et, actuellement, il est de 204,2 milliards de DTS (soit environ 281 milliards USD). La valeur du DTS est basée sur un panier de cinq devises : le dollar américain, l'euro, le renminbi chinois, le yen japonais et la livre sterling britannique.
Avant sa création, la communauté internationale devait faire face à plusieurs restrictions pour accroître le commerce mondial et le niveau de développement financier, car l'or et le dollar américain, qui étaient les seuls moyens de commerce, étaient en quantités limitées. Le FMI a créé les DTS afin de résoudre le problème.
Les DTS sont distribués aux banques centrales des pays au prorata de leurs quotes-parts au FMI. Les pays peuvent échanger des DTS contre des devises librement utilisables lorsqu'ils sont dans une situation financière faible, comme ce fut le cas au milieu de la crise financière mondiale et maintenant pendant la crise pandémique.
Même si le DTS n'est ni une monnaie ni une créance sur le FMI, il s'agit d'une créance potentielle sur les devises librement utilisables par les membres du FMI et les gouvernements peuvent échanger leurs DTS contre les devises étrangères qu’ils préfèrent.
« Nous avons les outils pour augmenter la liquidité mondiale ; je vous exhorte à les utiliser, et en particulier à envisager une nouvelle émission de droits de tirage spéciaux » (António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, le 28 mai 2020)
Seul le Congrès américain peut autoriser le FMI à débloquer les ressources financières des droits de tirage spéciaux à l'échelle et à la vitesse nécessaires, même si ces ressources ne sont pas des prêts aux gouvernements. C'est pourquoi, au milieu de la pandémie Covid-19, le réseau Afrique, Justice et Paix, une ONG confessionnelle agissant à Washington DC (États-Unis) a appelé son adhérent à plaider auprès du Sénat américain pour obtenir du FMI la livraison de droits de tirage spéciaux (DTS) aussi pour certains pays africains dans le besoin. Il a demandé 2 milliards de dollars. La Chambre des représentants des États-Unis avec le projet de loi du vendredi 31 juillet, « a ordonné aux États-Unis de soutenir l'émission par le FMI de 2 milliards de DTS et de soutenir l'allégement de la dette pour aider les pays du monde entier à se remettre économiquement du COVID-19 ».
Une décision que les organisations humanitaires, de développement international, des droits de l'homme, du travail, confessionnelles et politiques représentant des dizaines de millions de personnes présentes aux États-Unis ont chaleureusement applaudi. Le Togo, l'Afrique du Sud, la Somalie, la Sierra Leone et d'autres pays pourraient en bénéficier.
Malheureusement, le jargon financier est souvent difficile. En fait, le code de devise ISO 4217 pour les droits de tirage spéciaux est XDR et son code numérique 960. ISO 4217 est le nom de la liste standard publiée par l'ISO (Organisation internationale de normalisation) qui établit les codes pour représenter les devises et fournit des informations sur les relations entre chaque devise et leurs unités mineures. Ainsi, le code est XDR, le numéro 960 et DTS le symbole.
La meilleure façon de plaider est, sans aucun doute, la plaidoirie proactive. Elle implique cependant d’avoir un agenda et un plan à l'avance pour prévenir les problèmes et exige une connaissance préalable et exhaustive des moyens, outils juridiques, documents, accords et instances afin de les utiliser au moment de requérir l’appui pour une action. Malheureusement, souvent la société civile et la population ne sont pas au courant de leur existence, soit par leur inadvertance, soit par la désinformation intentionnelle qui fait le jeu du pouvoir politique.
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