Plus de 100 prêtres et religieuses ont été victimes d’enlèvements, d’arrestations ou de meurtres, souligne l’Aide à l’Église en détresse (AED). Celle-ci appelle chaque pays à garantir « la sécurité et la liberté des prêtres, des religieuses et des autres agents pastoraux ». Toutefois, on peut voir cette triste information comme une bonne nouvelle : elle signifie que ces hommes et femmes de foi ne sont pas des mercenaires de l’Evangile et qu’on les hait parce qu’ils sont des hommes et femmes qui ont « soif de justice et paix ».
C’est une fois de plus un chiffre glaçant que l’Aide à l’Église en détresse a révélé, le 27 décembre 2022 dans un communiqué de presse. Ce sont en effet plus de 100 prêtres et religieuses qui ont été enlevés, arrêtés ou tués au cours de l’année 2022. Ce douloureux constat concerne tous les continents. Plusieurs pays comme le Nigéria, le Nicaragua ou la Chine sont cités par l’AED comme étant particulièrement dangereux pour les religieux. Dans ce cadre, l’AED « appelle tous les pays concernés à faire tout leur possible pour garantir la sécurité et la liberté des prêtres, religieuses et autres agents pastoraux qui travaillent pour servir sans discrimination les plus démunis ».
Ce sont au moins 12 prêtres et cinq religieuses qui ont été tués en 2022 dans l’exercice de leur mission. Parmi ces assassinats, on compte six prêtres tués en Afrique : quatre au Nigeria, deux dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). En Amérique Latine, trois prêtres ont été tués au Mexique par des membres de cartels de la drogue. Les religieuses sont elles aussi la cible d’attaques d’une grande violence. Ainsi, trois religieuses missionnaires ont été tuées : sœur Luisa Dell’Orto, en Haïti, en juin ; sœur Maria au Mozambique, en septembre ; et sœur Marie-Sylvie Vakatsuraki, tuée en octobre en République démocratique du Congo dans des conditions abominables.
Des enlèvements en continu
Au cours de l’année 2022, les enlèvements de prêtres et de missionnaires n’ont pas cessé. Sur les 42 prêtres enlevés dans le monde, 36 ont finalement pu être libérés. Trois prêtres qui avaient été enlevés au Nigeria ont été tués, et l’on est toujours sans nouvelle de trois autres, dont le père allemand Hans-Joachim Lohre, disparu depuis le mois de novembre au Mali où il enseignait. Toujours en Afrique, deux prêtres disparus en 2019 ne donnent aucun signe de vie : le Père Joël Yougbaré au Burkina Faso, et le Père John Shekwolo au Nigeria. Ceci porte à cinq le nombre total de prêtres disparus.
L’Aide à l’Église en détresse alerte à nouveau sur la dangerosité du Nigeria pour les chrétiens. 28 enlèvements de prêtres ont été dénombrés dans ce pays en 2022. Ce triste record est suivi par plusieurs autres pays, comme le Cameroun avec six enlèvements, ou encore Haïti qui est devenu l’un des endroits les plus dangereux d’Amérique centrale et où cinq prêtres ont été enlevés par des membres de gangs au cours de l’année. Deux prêtres ont également été enlevés en Ethiopie et aux Philippines, eux aussi libérés. Là encore, les religieuses n’échappent pas à ce drame. En 2022, 7 d’entre elles ont été capturées avant d’être relâchées par leurs ravisseurs au Nigeria ; et deux autres sœurs avaient connu pareil sort au Cameroun et au Burkina Faso.
Des détentions arbitraires de plus en plus régulières
Les arrestations arbitraires de religieux et religieuses, menées dans certains pays par les autorités au pouvoir, sont également fréquentes, dénonce l’Aide à l’Église en détresse, qui qualifie celles-ci d’actes « de coercition et d’intimidation ». 32 ecclésiastiques ont ainsi été arrêtés au cours de l’année. On se souvient, pour les plus récents, des quatre prêtres de l’Église gréco-catholique ukrainienne. Arrêtés dans le cadre de leurs activités pastorales, deux d’entre eux ont depuis été libérés et « expulsés » vers un territoire ukrainien, mais deux autres sont toujours en détention et pourraient être accusés de terrorisme.
Au Nicaragua, où le gouvernement Ortega est en conflit avec l’Église catholique, les détentions arbitraires s’intensifient. Onze ecclésiastiques ont été arrêtés parmi lesquels deux séminaristes, un diacre, sept prêtres, et un évêque, Mgr Alvarez toujours en détention Ce dernier devait comparaître le 10 janvier 2023 devant un tribunal pour « atteinte à l’intégrité nationale ». En Érythrée, plusieurs cas ont également été recensés par l’AED, dont un évêque, Mgr Hagos, emprisonné avec deux autres prêtres depuis mi-octobre, sans aucune explication de la part du gouvernement qui poursuit une politique de persécution anti-chrétienne fermement menée.
Quant à la Chine, la situation des chrétiens y est toujours extrêmement instable. Il est cependant « presque impossible de connaître le nombre de prêtres et d’évêques catholiques détenus en Chine en 2022 », rapporte l’AED, le gouvernement demeurant plus que secret sur le sort de ses minorités religieuses. On sait toutefois que des enlèvements ont régulièrement lieu, notamment de clercs de l’Église clandestine pour les forcer à rejoindre l’Église approuvée par l’État. Entre janvier et mai 2022, ce fut le cas d’au moins 10 prêtres, tous appartenant à la communauté clandestine de Baoding (Hebei), disparus soudainement. On dénombre également des arrestations au Myanmar, notamment d’un prêtre lors de manifestations contre le régime, ainsi que plusieurs religieuses et deux diacres pendant le conflit du Tigré fin 2021, libérés en 2022.
L’ensemble de ces exactions s’inscrit dans un constat plus large, celui de l’augmentation globale de la persécution des chrétiens dans le monde, posé par l’AED elle-même dans son rapport « Persécutés et oubliés ? Rapport sur les chrétiens opprimés pour leur foi en 2020-22 ». Ainsi, l’organisation démontre que, dans 75 % des 24 pays étudiés, la persécution des chrétiens n’a eu de cesse d’augmenter au cours des deux dernières années.
Voir, Plus de 100 prêtres et religieuses enlevés, arrêtés ou tués en 2022
Photo. Sœur Marie-Sylvie, médecin, tuée par des terroristes Le 20 octobre 2022 à Maboya en RDC.
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