C'est une initiative limitée mais concrète, sérieuse et clairvoyante. J'espère sincèrement que l'Italie aura la sagesse de la soutenir.

La Commission devrait être chargée « d'examiner les effets physiques et les conséquences sociales d'une guerre nucléaire à l'échelle locale, régionale et planétaire, y compris, entre autres, les effets climatiques, environnementaux et radiologiques, et leurs impacts sur la santé publique, les systèmes socio-économiques mondiaux, l'agriculture et les écosystèmes, dans les jours, les semaines et les décennies suivant la guerre nucléaire, et d'examiner et de commander des études pertinentes, y compris la modélisation le cas échéant, et de publier un rapport complet, de tirer des conclusions clés et d'identifier les domaines nécessitant des recherches futures ».

Étonnamment, il s'agirait de la première étude de ce type menée par les Nations unies depuis celles des années 1980, qui ont joué un rôle important dans l'élaboration des sages traités qui ont conduit à la réduction des armes nucléaires. Beaucoup de choses ont changé dans l'armement nucléaire depuis lors, et le risque pourrait même être plus grave que nous ne le pensons.

Quatre considérations sont à prendre en compte.

Premièrement, un gouvernement a déjà utilisé des armes nucléaires.

Deuxièmement, nous avons frôlé la catastrophe à plusieurs reprises au cours des dernières décennies, même accidentellement. Dans le cas le plus sensationnel, le lancement d'un sous-marin qui aurait déclenché une guerre nucléaire a été approuvé par le premier et le deuxième officier, et a été bloqué par les doutes et l'opposition du troisième, qui n'était pas militaire de carrière. Nous vivons au bord du gouffre.

Troisièmement, les États-Unis ont récemment augmenté de façon spectaculaire leurs investissements dans les armes nucléaires. Les superpuissances nucléaires ne sont plus seulement la Russie et l'Amérique, mais aussi la Chine, ce qui déséquilibre la double dissuasion qui, jusqu'à présent, nous a maintenus dangereusement près de la catastrophe, mais a permis d'éviter le pire.

Quatrièmement, l'abandon récent des traités interdisant les armes nucléaires à moyenne portée rend la dissuasion beaucoup plus fragile, car il augmente la tentation d'une avancée imprudente. Une nouvelle évaluation sérieuse des risques, menée par une autorité supérieure aux parties, comme les Nations unies, peut apporter une lumière de raison à un monde qui semble en avoir grand besoin.

J'espère que l'Italie pourra, à l'instar de l'Autriche et de l'Irlande, voir l'intérêt commun de l'humanité dans une question aussi vitale et soutenir cette proposition. Il n'est pas impossible que l'OTAN fasse pression sur ses membres pour qu'ils fassent obstacle à cette motion. Céder à ces pressions reviendrait à tomber dans la myopie du jeu de pouvoir ignoble entre les parties, dans un monde de plus en plus divisé et de plus en plus belliqueux.

S'opposer à un effort, même minime, de maîtrise des armements nucléaires est une profonde stupidité. J'espère sincèrement que notre gouvernement sache se mettre debout. Il en va de la possibilité même de notre avenir.

Voir, Rischio nucleare e coscienza