Enfin, après une longue période, nous y sommes ! Oui, l'Église, en tant qu'institution humaine, doit être réformée et purifiée. Le Synode actuel est une action de réforme de l'Église appelée par l'Esprit Saint à travers la Parole de Dieu et les signes des temps. Le Synode mettra-t-il en œuvre une réforme ? François le souhaite et le peuple de Dieu l'espère.
Le Synode s'est fixé comme objectif de réformer la vie de l'Église et, par conséquent, il est nécessaire de réfléchir sur cette nécessité toujours présente dans son histoire. L'Église est une pèlerine vers le Royaume, toujours à réformer. Ecclesia semper reformanda : cette formule peut sembler être celle de l'Église ancienne, mais en réalité elle ne se trouve ni dans le grand débat de la Réforme du XVIe siècle, ni dans les siècles précédents. Karl Barth l'utilise dans une conférence de 1947 et la cite plus tard dans sa Dogmatique comme un adage attesté dans la vie de l'Église.
En effet, l'Église a toujours ressenti chez ses membres le désir de se convertir, de se réformer. Mais si, comme l'a observé Giuseppe Alberigo, « au cours du premier millénaire, la réforme a une signification essentiellement individuelle et spirituelle, comme une conversion intérieure », au cours du deuxième millénaire, elle a été invoquée comme un renouvellement de l'Église, de sa forme institutionnelle, comme un retour à la forma ecclesiae primitive.
En ce sens, Jean-Jacques von Allmen a lu la réforme comme une épiclèse (invocation) de la Pentecôte et de la parousie (manifestation finale) : « Une réforme est un accomplissement provisoire de la prière que l'Église adresse à Dieu pour hâter la fin, la venue du Seigneur et de son Royaume. Elle est le prélude à la résurrection, au jugement, à la vie éternelle ».
La réforme de l'Église est donc un acte d'obéissance à l'Esprit, à « ce que l'Esprit dit à l'Église » : les sept lettres aux sept Églises de l'Apocalypse ne sont-elles pas déjà une invitation à la conversion et à la réforme ? Et pourtant, chez Tertullien (Le voile des vierges), nous trouvons une autre formule, qui semble opposée, et qui a été reprise par Blaise Pascal (Pensées, 440) : « Jamais l'Église ne sera réformée », formule qui souligne la force de la tradition, la continuité qui ne prévoit pas de ruptures, la fidélité au passé.
Il est certain que le mot réforme n'a jamais joui d'une bonne réputation dans l'Église catholique après le grand schisme du XVIe siècle : la réforme était surtout celle initiée par Luther, « la révolution protestante ». C'est ainsi que le terme de réforme apparaît comme titre d'un livre décisif d'Yves Congar, Vraie et fausse réforme dans l'Église (1950), et qu'il revient ensuite à deux reprises dans le décret conciliaire sur l'unité de l'Église, Unitatis redintegratio (1964). La méfiance à l'égard du terme est telle que le texte latin officiel de l'encyclique Ecclesiam suam (1964) de Paul VI traduit le mot italien riforma du manuscrit du pape par le mot plus neutre renovatio. Depuis Vatican II, le terme riforma a été réintroduit dans le débat ecclésial, bien qu'il apparaisse rarement dans les textes du magistère papal. Avec François, cependant, il est devenu un terme fréquemment utilisé, voire un programme de son pontificat.
Mais que peut bien signifier le terme de réforme ? Dans le christianisme, qui est la réception de la révélation, une forme canonique, plutôt exemplaire, est donnée. C’est la forma Evangelii, la forma Jesu, la forma ecclesiae. La réforme est une action visant à ramener à la forme canonique ce qui a été obscurci, blessé ou même perdu avec le temps : c'est une action de conversion, de retour. Ce mouvement doit être incessant, « jusqu'à ce que le Seigneur vienne » : c'est précisément en prévision de ce jour de la parousie que l'Église, l'épouse, doit se faire belle pour son Époux (cf. Ap 21, 2), doit se réformer pour être conforme à la forme dans laquelle l'Époux l'attend.
Ainsi le terme de réforme, surtout au cours du deuxième millénaire en Occident, a pris le sens d'un retour à la forme primitive perdue ou contredite. La tradition chrétienne a toujours considéré les résumés des Actes des Apôtres, dans lesquels est présentée l'Église née à la Pentecôte, comme une description de l'Église voulue par le Seigneur et façonnée par l'Esprit Saint, et donc comme sa forme canonique à toutes les époques de l'histoire. La description de la communauté primitive, avec les quatre notes ou persévérances, a toujours inspiré la vie chrétienne. Et au début du monachisme, au IVe siècle, des fondateurs de monastères comme Pachomius et Basile se réfèrent à cette forme d'Église. Bien sûr, il faut rappeler que seul le Seigneur Jésus peut réformer l'Église, comme seul Dieu peut donner le don de la conversion : « Celui qui t'a formé sera aussi ton réformateur » (saint Augustin).
L'Église a la responsabilité d'écouter, d'obéir, de répondre à l'appel, à la parole du Seigneur, à ce que l'Esprit lui dit. Dans le décret sur l'œcuménisme (UR), le Conseil consacre le paragraphe 6 à la renovatio ecclesiae, en déclarant clairement : « Puisque tout renouvellement de l'Église (renovatio ecclesiae) consiste essentiellement en une fidélité accrue à sa vocation, il est sans aucun doute la raison du mouvement vers l'unité. L'Église en pèlerinage sur la terre est appelée par le Christ à cette réforme pérenne (perennis reformatio) dont elle a continuellement besoin en tant qu'institution humaine et terrestre ».
Malheureusement, il y a eu un long silence sur ce sujet de la réforme de l'Église depuis Paul VI jusqu'à la crise postconciliaire sous le pontificat de Jean-Paul II, lorsqu'une certaine peur s'est emparée de la hiérarchie et que, peu à peu, le langage de la restauration est revenu à la mode, remplaçant celui de la réforme. Dans l'encyclique Ut unum sint, Jean-Paul II atteste du lien entre renouveau, conversion et réforme, mais cette déclaration n'est suivie d'aucun début de réforme de l'Église et de la forme de la papauté. Et ce sont les années où ceux qui appellent à la réforme de l'Église sont considérés avec suspicion, marginalisés et réduits au silence dans les instances ecclésiales officielles.
Mais voici que survient l'inattendu : le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio est élu pape et se présente et est perçu immédiatement comme un réformateur. Il déclare que « ce dont l'Église a le plus besoin en ce moment de l'histoire, ce sont les réformes nécessaires », associées à la miséricorde. Il souligne ainsi la nécessité de réformes institutionnelles et d'une réforme du style de l'Église. Dans Evangelii gaudium (2013), le texte programmatique de son pontificat, il revient sur la réforme des structures de l'Église et appelle à une conversion pastorale, en suivant la voie tracée par le Concile. Il parle de la conversion de la papauté (forme du ministère pétrinien), des diocèses, des paroisses. Et surtout, il mentionne l'assomption de la synodalité comme un changement nécessaire sur le chemin de l'Église.
François a commencé la réforme de la curie romaine, il a changé le style de la papauté, il veut mettre en œuvre un style synodal. Cependant, nous nous demandons maintenant si la réforme se traduira par des mesures concrètes ou si elle restera un simple effet d'annonce.
La réforme de la curie doit être appelée pour ce qu'elle est : une réorganisation, et non une réforme, qui exigerait des changements et des compréhensions bien différentes du rapport entre le ministère de Pierre et l'épiscopat, entre la curie romaine et les épiscopats, de l'épiscopat lui-même présent dans les différents peuples de l'humanité. C'est précisément pour cette raison que, dans le cheminement œcuménique, il y a des gestes courageux de la part du Pape et des rencontres entre les Églises, dans un engagement renouvelé de dialogue, mais il semble qu'il n'y ait pas d'action pour hâter la communion visible. Aujourd'hui, l'œcuménisme est soit la réforme des Églises soit rien d'autre que la cordialité entre les Églises. Et la réforme de chaque Église passe par l'écoute des autres Églises sœurs ou n'est pas une réforme. Si les craintes identitaires continuent à prévaloir, les aspirations à la réforme s'éteindront. Et aucun syn-odós, aucune marche ensemble, ne sera possible.
Cependant, le pape François, une fois de plus, précède et ouvre de nouvelles voies œcuméniques. En effet, il a voulu et approuvé la publication d'un texte qui, reprenant Ut unum sint, fait des propositions significatives de réforme de l'exercice du ministère pétrinien et de synodalité aux Églises orthodoxes.
Enfin, après tant de silence, nous restons dans une attente anxieuse et priante ! Oui, l'Église, en tant qu'institution humaine, doit être réformée et purifiée. Le Synode actuel est une action de réforme de l'Église appelée par l'Esprit Saint à travers la parole retentissante de Dieu et les signes des temps. Sera-t-il un Synode qui mettra la réforme en mouvement ? François le souhaite prophétiquement et espère que le peuple de Dieu le suivra par amour et fidélité à son Seigneur.
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