Tes pensées deviennent tes mots, tes mots deviennent tes actions, tes actions deviennent tes habitudes, tes habitudes deviennent ton caractère, ton caractère devient ton destin. disait Gandhi. Nous avons tous quelque chose à apprendre : nous n'acceptons pas les corrections, nous ne tolérons aucune remarque, nous n'écoutons pas, nous ne nous remettons pas en question, nous ne reconnaissons pas nos fautes ou nous n'admettons pas d’avoir tort. Surtout quand c'est nous qui faisons l’incorrect ! Et nous disons alors que le monde va mal. Se corriger soi-même est la tâche la plus difficile de la personne, des sociétés, des Etats.
Dans cette dynamique, nous nous retrouvons victimes, mais aussi bourreaux. Nous sommes des juges impitoyables pour les autres, mais pour nous, il y a tous les alibis. Ne tenons pas pour acquis que nous sommes toujours du bon côté ! Comment faire ? Ce n'est pas facile !
Un détail de l’écriture sainte nous donne un indice : Jésus dit que la qualité de Dieu le Père est « d'être aux cieux ». À partir de là, je prends un exemple qui est apparu en ligne, sur les médias sociaux : le corbeau et l'aigle.
Le corbeau noir est le seul oiseau qui ose se prendre de bec avec l'aigle. Il s'agrippe à son dos avec ses ongles griffus, lui mord le cou en se vantant de son odieux croassement et continue à donner des coups de bec pour affaiblir l'aigle. L'aigle ne répond pas, ne réagit pas au mal, ne se bat pas avec le corbeau, ne perd pas de temps ni d'énergie pour s’en débarrasser, ne se ronge pas le foie. Il ouvre simplement ses ailes et commence à s'élever. Plus il s'élève dans le ciel, plus la respiration devient difficile pour le corbeau qui, faute d'oxygène, s'affaiblit et finit par tomber.
Combien de temps, combien d'énergie, combien de sérénité, combien de temps dans notre vie perdons-nous à cause des attaques de corbeaux noirs ? Ce sont des doutes, des blessures, des frustrations, des fragilités, des regrets, des fautes, des erreurs, ce sont aussi des gens qui nous attrapent par derrière, qui continuent à nous blesser par leur croassement obstiné.
Si nous apprenons à les porter haut, ils s'affaibliront. Si Dieu « notre » père est au plus haut des cieux, chacun de nous, en tant que « fils », est capable d'accéder au ciel et peut miser sur sa capacité à s'élever. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons nous débarrasser du lest caquetant, aigre, ennuyeux, blessant, usant, énervant, contraignant. Le dialecte romain le rend parfaitement : « o t'elevi, o te levi », « ou tu t'élèves ou tu t’en vas ».
Un livre du père Antonio Spadaro s'intitule « Svolta di respiro » (« Tour de respiration ») et montre comment chaque homme « inspire » le monde qui l'entoure et l'« expire » ensuite, le transformant en visions, images, choix, compréhension de la vie, mais aussi en tensions, frustrations, blessures.
Les deux mouvements, inspiration et expiration, nous montrent que la vie est un entrelacement de choses qui vont et ne vont pas, de joies et d'épines, de victoires et d'échecs, de personnes qui comprennent et apprécient et de gens nuisibles qui jugent et blessent.
Mais il y a une troisième dynamique, en plus de la capacité d'inspirer et d'expirer, qui est celle de Dieu, celle de l'aigle : c'est d'être « inspiré », d'être enveloppé par le ciel. Cela demande de s'envoler, cela demande un niveau très élevé là où, en conséquence, quelqu'un s'essouffle et abandonne, et c'est mieux ainsi !
C'est précisément la différence entre ceux qui acceptent d’être des corbeaux et ceux qui choisissent d’être des aigles.
Le corbeau noir se lève avec la lune de travers, l'aigle inspiré se lève avec le soleil en face.
Le corbeau noir commence par souligner ce qui manque, l'aigle inspiré s’attelle à ce qui est là.
Le corbeau noir n'arrête pas de décrier l'obscurité, l'aigle inspiré allume la lumière.
Le corbeau noir attrape une huître et craint l'hépatite virale, l'aigle inspiré cherche la perle et même s'il n'y a pas de perle, il goûte le mollusque.
Le corbeau noir oublie de rire, l'aigle inspiré rit pour oublier. Le corbeau noir se plaint parce que les roses ont des épines, l'aigle inspiré se réjouit parce que les épines ont des roses.
Le corbeau noir, à la tombée de la nuit, dit « maintenant il fait nuit », l'aigle inspiré dit « maintenant on commence à voir les étoiles ».
C'est bien vrai : « Nos pensées deviennent nos mots, nos mots deviennent nos actions, nos actions deviennent nos habitudes, nos habitudes deviennent notre caractère, notre caractère sera notre destin ».
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