La Cop27 s’est achevée le 18 novembre par un accord en faveur des pays pauvres, mais sans prise de position sur le rôle des énergies fossiles. Une autre preuve du peu de capacité de l’ONU pour faire face aux problèmes de la communauté internationale et les résoudre.
Les conclusions des Conférences des parties (COP) de la Convention-Cadre des Nations-unies sur les changements climatiques (CCNUCC) sont toujours difficiles et la COP27, qui s’est achevée le 20 novembre à Charm el-Cheikh en Égypte, n’a pas dérogé à la règle. Après deux semaines d’intenses travaux, la conférence a dû être prolongée de plus de 34 heures, la rendant ainsi la plus longue de toutes les COP, afin de parvenir à un accord final. L’Égypte, qui était déjà contestée en tant que pays hôte, a été jugée en partie responsable de ce retard en raison de sa gestion de la conférence, aussi bien sur le plan diplomatique que sur le plan pratique, les négociateurs se plaignant en particulier de l’absence de transparence même si Sameh Choukri, ministre égyptien des Affaires étrangères en charge des débats, s’est défendu de cette accusation.
Un fonds financier pour les pays les plus pauvres
Pour autant, ce retard aura-t-il eu, au moins, le mérite de déboucher sur un bon accord ? Là encore, comme pour les conférences précédentes, le résultat apparaît plus que contrasté. L’enjeu principal de la COP27 était de parvenir à un accord sur les pertes et dommages réclamés par les pays les plus pauvres afin que les nations riches les aident financièrement à lutter contre les dérèglements climatiques sans compromettre leur développement. Or, sur ce point particulièrement sensible, une résolution aussi inattendue qu’emblématique a été adoptée avec la création d’un fonds financier spécifique. Cet incontestable succès dépendra toutefois de ses résultats qui ne seront mesurables que dans la durée et du fait que la Chine, très en pointe sur ce dossier, fera partie ou non des pays contributeurs.
Mais cette réussite est contrebalancée par ce qu’il faut bien appeler un échec sur les émissions de gaz à effet de serre et, partant, sur la maîtrise du réchauffement climatique. « Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu », a déploré à l’issue des travaux le secrétaire général de l’Organisation des Nations-Unies, Antonio Guterres, qui s’était déjà montré très sceptique avant le commencement de la conférence, relayé par le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans qui s’est déclaré « déçu ».
De son côté, Laurence Tubiana, qui fut l’architecte de l’Accord de Paris en 2015, s’est émue du fait que « cette COP a affaibli les obligations pour les pays de présenter des engagements nouveaux et plus ambitieux ». Et là encore, l’Égypte est montrée du doigt, soupçonnée de ne pas avoir voulu contraindre ses alliées du Golfe en ne mentionnant pratiquement pas dans les textes soumis à discussion le rôle des énergies fossiles. A contrario, il faut cependant noter que, pour la première fois, les énergies renouvelables ont fait l’objet d’une mention aux côtés des énergies « à basses émissions », formulation sous laquelle est le plus souvent désignée l’énergie nucléaire.
Aucun dispositif contraignant
De la même manière, n’a pas été abandonné, comme le craignaient beaucoup d’observateurs en fin de session, l’objectif de maintien du réchauffement climatique à 1,5° C par rapport à l’ère préindustrielle qui est finalement réaffirmé dans le texte conclusif. Toutefois, aucun dispositif contraignant n’a été mis en place pour parvenir à ce résultat de telle sorte qu’il est peu probable qu’il soit atteint, laissant plutôt augurer d’un réchauffement, d’ici la fin du siècle, entre 2,4 et 2,8°C.
Tout le monde le sait mais feint de l’ignorer, les regards étant désormais tournés vers la COP28 qui se tiendra fin 2023 aux Émirats Arabes Unis. Sans doute pas le meilleur endroit sur la Terre pour annoncer la fin de l’usage des hydrocarbures !
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