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L’Afrique s’effondre dans un climat trop extrême

Futura 04.09.2024 Karine Durand Traduit par: Jpic-jp.org

Depuis quatre ans, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publie chaque année son état des lieux du climat en Afrique.

Le réchauffement climatique n’est pas un fait nouveau, mais, en 2024, le ton est plus grave que jamais dans ce rapport très alarmant : le continent africain est en train de sombrer, au niveau climatique comme au niveau économique, et les répercussions de la catastrophe en cours vont largement dépasser ses frontières.

L'année 2023 a été marquée par des températures encore bien au-dessus de la normale en Afrique : + 0,61 °C que la moyenne des 30 dernières années et +1,28 °C que la moyenne de 1961-1990. Au Mali, au Maroc, en Ouganda et en Tanzanie, l'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée. Le continent africain se réchauffe de +0,3 °C chaque décennie, soit plus rapidement que la moyenne mondiale. Les vagues de chaleur qualifiées « d'extrêmes » par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) sont en augmentation chaque été, en particulier en Afrique du Nord, comme en Tunisie et au Maroc. Ces deux pays ont d'ailleurs battu un nouveau record en ce qui concerne leur température maximale : 49 °C à Tunis en Tunisie et 50,4 °C à Agadir au Maroc. Le niveau de la mer augmente aussi plus vite en Afrique en comparaison avec la moyenne mondiale : +3,4 millimètres par an et jusqu'à 4,1 millimètres par an le long de la mer Rouge.

Morts, migrants, dollars nécessaires

Les conséquences de tous ces bouleversements climatiques sont humaines, mais aussi économiques. Des milliers de morts, des millions de migrants et des milliards de dollars nécessaires pour faire face aux changements climatiques.

En 2023, les précipitations ont connu des extrêmes : des inondations ont fait au moins 700 morts en Libye (en lien avec le cyclone Daniel) et la sécheresse a fait des ravages sur les cultures d'Afrique du Nord, entre autres. En Tunisie, la production de céréales a chuté de 80 % en raison de la sécheresse persistante. Au Niger, au Bénin et au Ghana, l'agriculture s'est en partie écroulée à cause du manque d’eau.

Les catastrophes météo provoquent d'immenses déplacements de populations, exacerbant les conflits dans des zones déjà instables : les inondations historiques qui ont touché l'Éthiopie, la Somalie et le Kenya ont fait au moins 350 morts (chiffre probablement largement sous-estimé en raison du manque d'informations sur place) et provoqué la migration de 2,4 millions de personnes en l'espace de 3 mois seulement (avril, mai, juin 2023).

L'OMM estime que les pays africains perdent en moyenne 2 à 5 % de leur PIB (produit intérieur brut) à cause des catastrophes climatiques, et certains utilisent 9 % de leur budget pour celles-ci. L'Afrique n'a pas d'autre choix que de s'adapter à ces extrêmes météorologiques, mais cela aura un coût immense : 30 à 50 milliards de dollars par an sont nécessaires, soit 2 à 3 % du PIB. Si des mesures très fortes ne sont pas mises en place dès maintenant, la situation deviendra invivable dès 2030 pour 118 millions de personnes : ce sont des populations extrêmement pauvres d’Afrique (vivant avec moins de 1,90 dollar par jour) qui pourraient être exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes si des mesures d'intervention adéquates ne sont pas prises.

Quelles sont les solutions ? Selon l’OMM, la priorité est le développement des services météo et hydrologiques (inexistants dans certains pays) et des alertes précoces pour mieux anticiper les catastrophes, tout en mettant en place des pratiques de développement plus durables.

Les 7 phénomènes météorologiques

Les aléas météorologiques ont toujours fait partie de notre quotidien. En 1947, une vague de chaleur exceptionnelle a frappé l'Europe avec des pics à plus de 40 °C enregistrés fin juillet en région parisienne, et on soupçonne une sécheresse historique d'être à l'origine de la chute de l’empire assyrien il y a plus de 2.700 ans. Ces phénomènes jusqu'ici inhabituels, aggravés par le changement climatique, pourraient devenir la norme dans le futur. Sept phénomènes météorologiques seront les plus fréquents à cause du changement climatique.

Précipitations record

En juillet 2021, des pluies torrentielles se sont abattues en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique. Elles ont entraîné des inondations catastrophiques avec plusieurs centaines de morts. Si ces épisodes sont normaux en automne, un tel déluge au cœur de l'été est assez inhabituel. Selon une étude de la World Weather Attribution (WWA), la probabilité de ce type d'évènement est aujourd'hui de 1,2 à 9 fois plus élevée qu'au cours de l'ère préindustrielle, en raison du réchauffement climatique. Une étude de l'université de Newcastle souligne que les « tempêtes lentes » (qui augmentent la quantité de précipitation sur une zone donnée) pourraient devenir 14 fois plus fréquentes sur l'Europe d'ici la fin du siècle. L'explication est simple : plus l'air est chaud, plus il retient l'eau. Pour chaque hausse de 1 °C, les scientifiques estiment ainsi que l'atmosphère retient environ 7 % d'humidité en plus.

Les cyclones

En 2020, 29 tempêtes tropicales ont été enregistrées dans l'Atlantique, un record ! Les  modèles météorologiques n'indiquent pas que le réchauffement va rendre les ouragans plus fréquents, mais qu'ils seront plus intenses, avec des vents plus puissants et des précipitations plus élevées. Selon une étude japonaise, les ouragans pénètrent aussi plus profondément à l'intérieur des terres : en se développant sur des océans plus chauds, ils absorbent et stockent plus d'humidité, ce qui les empêche de s'affaiblir lorsqu'ils arrivent sur terre. Les ouragans pourraient causer plus de dégâts en stagnant plus longtemps au même endroit.

Les canicules

En juin 2021, le Canada a connu une vague de chaleur sans précédent avec des températures dépassant les 45 °C dans plusieurs villes, soit parfois plus de 20 °C que les normales saisonnières ! Un « dôme de chaleur » favorisé par le changement climatique, attestent les scientifiques. D'après une étude de l’École polytechnique de Zürich, les vagues de chaleur intenses deviendront de deux à sept fois plus probables au cours des trois prochaines décennies si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent au même rythme. Une autre étude de 2020 montre que la durée des vagues de chaleur a augmenté de 6,4 jours par décennie entre 1980 et 2017 dans la région méditerranéenne. En France, une canicule équivalente à celle de 2003 pourrait survenir tous les deux ans d'ici la fin du siècle.

La foudre

Selon les calculs de l’université de Berkeley aux États-Unis, le foudroiement pourrait augmenter de 12 % par degré Celsius de réchauffement climatique et d'environ 50 % au cours de ce siècle aux États-Unis. « Ce phénomène s'explique par l'augmentation de la vapeur d'eau dans l'atmosphère qui alimente le mouvement des courants d'air chaud, explique l'étude. Plus rapide est la remontée des masses d'air chaud dans la haute atmosphère, plus il y a d'éclairs. ». Une autre étude révèle que la fréquence des éclairs pourrait doubler sur l’arctique d'ici la fin du siècle. Tout cela n'est pas sans conséquences : outre le danger de foudroiement pour les humains et les animaux, les éclairs causent des dégâts importants sur les forêts : d'après une étude du Smithsonian Tropical Research Institute, un coup de foudre endommage un total de 23,6 arbres et détruit 5,5 de ces arbres par an dans les régions tropicales. La foudre est aussi susceptible de déclencher des feux de forêt dévastateurs.

Les inondations côtières

Le réchauffement climatique entraîne une fonte accélérée des calottes glaciaires et une expansion thermique de l'eau des océans. Deux phénomènes qui se cumulent pour faire grimper le niveau de la mer, et ainsi menacer les villes situées sur les côtes. Une élévation du niveau de la mer de 5 à 10 centimètres doublera la fréquence des inondations au niveau des tropiques entre 2030 et 2050, atteste une étude de 2017. La montée des eaux accentue aussi les inondations dues aux marées et aux tempêtes, car l'eau part d'un niveau plus élevé. Une étude américaine montre ainsi qu'en raison notamment de ces tempêtes tropicales, les inondations centennales (qui ont une chance sur 100 de se produire une année donnée) pourraient se reproduire tous les ans sur certaines côtes américaines. Les villes côtières sont d'autant plus menacées qu'elles subissent l’érosion côtière : plus l'océan gagne du terrain, plus il emporte avec lui du sable et fragilise les roches, augmentant le risque d'éboulement.

Les feux de forêt

En 2019, pas moins de 350 millions d'hectares de forêt ont brûlé dans le monde, l'équivalent de six fois la surface de la France. Australie, Sibérie, Europe, États-Unis, Indonésie, Amazonie, aucune région n'est épargnée. Selon une méta-étude parue en 2020, le réchauffement climatique accroît clairement le risque d'incendies de forêts, en raison d'une combinaison de phénomènes défavorables : températures élevées, faible humidité, faibles précipitations et vents violents. On observe ainsi un allongement de 20 % de la saison des incendies au niveau mondial, avec pour conséquence plus de surfaces brûlées, une augmentation de 33 % à 62 % d'ici 2050, indique une des études citées dans le rapport. Le phénomène engendre un cercle vicieux : en 2019, les feux de forêt ont généré l'émission de 6.375 mégatonnes de CO2, soit environ 20 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l'année. CO2 qui participe lui-même au réchauffement climatique.

Le froid extrême

Cela peut paraître contre-intuitif, mais le réchauffement risque aussi d'augmenter la probabilité des épisodes de froid extrême. Des chercheurs ont ainsi constaté que les récentes poussées d’air froid observées en Amérique du Nord et en Asie de l'Est étaient liées au réchauffement de la stratosphère et au recul des glaces dans les mers du nord. Des phénomènes qui perturbent le vortex polaire, l'air froid étant alors déplacé vers les zones plus au sud. D'autre part, les pôles ont tendance à se réchauffer plus rapidement que l'équateur : Comme la différence de température entre les deux pôles s'amenuise, les courants atmosphériques vont avoir tendance à s'affaiblir. En ne jouant plus leur rôle de « barrière », ces courants-jets laissent davantage passer les masses d'air froid venues des régions polaires.

Voir, L’Afrique est en train de s’effondrer à cause du climat trop extrême : la situation deviendra invivable dès 2030, alerte l’OMM et aussi 7 phénomènes météorologiques extrêmes qui vont se multiplier

Photo. Au Niger, plusieurs morts et des quartiers entiers ravagés par des inondations suite à des pluies intenses. Les villages et les villes tentent de se relever après la brusque montée des eaux, liée à la saison des pluies, qui a presque tout emporté.

 

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Les commentaires de nos lecteurs (2)

Bernard Farine 29.01.2025 Ce que je trouve le plus terrible c'est que ces phénomènes sont maintenant bien connus mais qu'ils sont niés par une partie des élites et des populations influencés par certains media sociaux et que même ceux qui affirment les connaître agissent de moins en moins pour lutter contre.
Paul Attard 29.01.2025 Poor Africa. Not only climate change, but also dictators who only think of themselves and how much money they can grab for themselves and their families. Luckily, many of those forecasts have the words “could, might, may…..happen”!