Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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La fin d’USAID : mauvaise ou bonne nouvelle ?

Butembo 29.03.2025 Jpic-jp.org Traduit par: Jpic-jp.org

Deux affirmations apparues dans Le Monde du 01 mars 2025 orientent la compréhension du « U.S. Aid Cuts » : l’une dans le titre d’un article, « Le gouvernement de Trump, même s’il est organisé à la manière d’une cour impériale, est un gouvernement révolutionnaire » ou se veut révolutionnaire, l’autre dans son texte en appliquant à Trump une référence : « La Révolution culturelle de Mao Zedong était un ambitieux projet de rupture avec le passé, mais c’était aussi le règlement de comptes personnel d’un vieil homme parvenu à la fin de ses jours ».

Trump se veut original, décidé à rejeter tout ce qu’ont fait les autres en prétendant faire mieux qu’eux par une méthode très simple : secouer l’arbre d’une telle violence que tous les fruits pourris tombent et tant pis si de bons tombent aussi. C’est à peu près le titre d’un article par Jean-Yves Landry publié à chaud après l’annonce : « L'équipe Trump fait tomber l'USAID. Quels gros mensonges disparaissent avec cette agence ? »

Landry commence par dénoncer le plus gros mensonge : USAID ne visait pas à résoudre les problèmes des gens mais à créer leur dépendance des Etats Unis. « La fonction première de USAID était de donner une bonne image des USA. La BBC était bénéficiaire de fonds de l'USAID pour une propagande pro-USA. D'autres publications recevaient aussi des sommes dans le même but ». Plus grave : « USAID, en fournissant des produits gratuits (ex. riz), crée une concurrence déloyale pour les producteurs locaux, incapables de rivaliser avec des prix à zéro dollar. Cela entraîne un effondrement des marchés locaux et une dépendance de l'aide extérieure ». En conséquence, « nous pourrions assister à des problèmes de famines dans certains pays ». Il y avait là aussi un conflit d'intérêt : « L'achat de riz auprès des agriculteurs nord-américains perpétuent ce système. En fait, l'aide alimentaire était souvent une façon déguisée de subventionner » l’agriculture aux USA en même temps qu’USAID ignorait les propositions « pour soutenir les producteurs locaux (ex. financement de semences ou d'infrastructures) ».

L'aide gratuite d’USAID pour certaines maladies tel que le VIH, entrainait aussi la dépendance dans le domaine de la santé et ainsi les organisations sanitaires risquent maintenant de se trouver en crise.  

Pas de surprise, alors, que des voix se lèvent pour applaudir cette décision de Trump à l’intérieur comme à l’extérieur du Pays. Aux Etats Unis, Internet est envahi par des déclarations publiques et privées qui dénoncent USAID pour son gaspillage et sa dilapidation des biens publics dans une prodigalité extravagante et gênante car il donne une idée fausse d’opulence à l’étranger en laissant les pauvres du Pays grandir en nombre et en souffrance. Une vidéo illustre cela en amplifiant les « largesses » faites aux groupes homosexuels – Mom sues school board -, à certaines minorités au détriment d’autres, pour des recherches excentriques, pour des projets aberrants où prime l’idéologie partisane.

On applaudit aussi en dehors des USA, même en Afrique où au long des années, les gens ont contesté l’image projetée par USAID : un luxe parfois insultant des structures renouvelées sans nécessité, des salaires opulents et scandaleux pour le milieu, même de la part des familles du personnel, une richesse des moyens révoltants comparés aux résultats. On arrive même à accuser USAID d’avoir financé le terrorisme et pour cela Le Mali demande des poursuites judiciaires. Quel grand succès a eu, qu’elle que soit vraie ou fausse, la déclaration de Trump de suspendre aux chefs d’Etat et aux politiciens d’Afrique corrompus le visa et à leurs fils l’accès aux écoles des USA.

Les chiffres sont sous les projecteurs.  En 2024, le gouvernement nord-américain a alloué 63,1 milliards de dollars pour l'aide étrangère dont 42,8 milliards de dollars par USAID. Le Produit Intérieur Brut (PIB) de la République centrafricaine en 2023, était estimé à 2,56 milliards de dollars et celui du Ghana, un des pays les mieux lotis d’Afrique, à environ 80,7 milliards de dollars. Trump se positionne donc en sauveur des contributeurs nord-américains – Save taxpayer dollars -. Le DOGE - Department of Government Efficiency – qu’il a créé le jour même de son installation comme président le 20 janvier 2025 fournit des informations financières propagandistes.  Toutefois parfois biaisées : il accuse des factures de 16,5 milliards justifiées par un contrat de 8 millions de dollars présenté comme de 8 milliards ; il dénonce un contrat de 50 millions de dollars pour des « préservatifs au Hamas » qui inclut un projet d’hôpitaux construits à Gaza ; il calcule des épargnes sur des contrats annulés qui en réalité ont déjà été payés ; il ne considère pas que les coûts d’une résiliation pourraient être plus chers que l’exécution de ces contrats.

Cela dit, les analyses sur les conséquences de la disparition d’USAID sont cependant alarmantes. Le premier cri d’alerte : U.S. Aid Cuts Make Famine More Likely and Easier to Hide - La réduction de l'aide américaine rend la famine plus probable et plus facile à cacher -. « Pendant des décennies, les États-Unis ont été une force motrice des efforts mondiaux dans la lutte contre l'insécurité alimentaire et la famine » ; avec l’administration Trump, « Les effets des coupes sont déjà visibles », voir la famine dévastatrice au Soudan, la suppression de près de 10 000 contrats des 13 000 attribués à l'USAID, plus de 6 000 employés d'USAID licenciés ou en congé administratif, des agences d'aide et des ONG humanitaires obligées à réduire ou suspendre leurs programmes : « Le démantèlement de l'USAID n’est pas seulement un recul de l'aide étrangère, « il menace l'infrastructure construite au fil des décennies » qui a permis d'atténuer les effets les plus brutaux des conflits.

On peut imaginer la suite : les États-Unis et d'autres pays feront miroiter l’aide alimentaire aux pays pauvres en échange de l'accès aux richesses minérales ou de restrictions en matière de migration. Les non-alignés seront laissés pour compte avec leur population souffrant de la faim et d'autres tragédies évitables. La famine sera un outil de guerre sans qu’aucune instance ne soit en mesure de la documenter, la prévenir ou répondre efficacement à cette menace : un sombre retour au passé.

Les organisations d'Europe de l'Est et d'Asie centrale (EEE-AC) tirent la sonnette d’alarme : des années de travail dans des domaines clés, allant de la fourniture de soins de santé à la défense des droits de l'homme et au renforcement de la démocratie, pourraient s'effondrer. Dans de nombreux pays de l'EEE-AC, l'aide étrangère - dont une grande partie provient de l'USAID - est désormais essentielle au fonctionnement de la société civile, des ONG et d'autres groupes. Le secteur le plus touché est celui de la lutte contre le VIH/SIDA. Selon un rapport de l’ONU publié en 2024, seule la moitié des 2,1 millions de personnes vivant avec le VIH dans la région de l'EEE-AC ont accès à un traitement, seuls 42 % ont atteint une diminution de la charge virale et 140 000 nouveaux cas de VIH ont été signalés en 2023. L'ONUSIDA bénéficie également de ces fonds pour ses programmes communautaires de prévention au VIH, l'approvisionnement en thérapies antirétrovirales (ART), le développement d'infrastructures de laboratoire et de diagnostic, ainsi que la formation des travailleurs de la santé.

La réduction des fonds aura également un impact négatif sur « les Objectifs de développement durable (ODD), en particulier sur la réduction de la propagation du VIH, l'amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH, l'égalité des sexes et la protection des droits de l'homme ».

Inquiétante est aussi la stigmatisation conséquente de cette décision sur les associations qui reçoivent et gèrent les fonds nord-américains. La rhétorique de l'administration Trump dépeint, peut-être sans le vouloir, les organisations de la société civile comme des menaces pour la sécurité nationale : une stigmatisation dangereuse qui favorise l'hostilité, la répression, voire la violence à l'égard des personnes et groupes engagés dans la défense d’un développement légitime, des droits de l'homme et de la gouvernance démocratique. Ces organisations et leur personnel sont ainsi exposés à des risques de harcèlement, d'intimidation, voire de violence physique, en particulier dans les pays où elles sont déjà menacées. Pas de surprise que cette décision ait été accueillie favorablement par les dirigeants autoritaires qui sévissaient déjà contre les ONG et autres entités critiques à l'égard de leurs régimes. Dans ces pays, le financement international, dont USAID, est essentiel à la survie des médias indépendants qui critiquent les abus, demande des comptes au régime, informe sur la réalité répressive. Alors que dans de nombreux pays, les États-Unis investissent dans des dizaines de programmes visant à renforcer la liberté et la libre expression, les institutions démocratiques et la résistance du public à la désinformation - comme en Géorgie où cette aide s'élève à 373 millions de dollars-, les médias de ces pays et ceux en exil qui s'adressent aux publics tels que de la Russie et du Belarus, seront particulièrement vulnérables jusqu’à leur disparition.

L’inefficacité d’USAID affectera aussi les organisations travaillant sur l'égalité des sexes, les questions Lgbtiq+, les droits reproductifs, la lutte contre la violence sexiste, le soutien aux communautés déplacées et l'éducation des groupes marginalisés. Indirectement, d’autres institutions de la société civile, telles les petites et moyennes entreprises, les organisations à but non lucratif, les universités, les groupes religieux et même les instituts de recherche scientifique dépendant du financement nord-américain se retrouveront dans l'incapacité de mener à bien leurs travaux.

Conclusions.

La première est sans doute d’ordre économique. Les conséquences de la suppression d’USAID sont particulièrement graves dans les pays où l'aide nord-américaine soutient des initiatives essentielles dans les domaines des soins de santé, de l'éducation, de la consolidation de la paix et de la protection des droits de l'homme, ainsi que les efforts visant à promouvoir la démocratie, la bonne gouvernance et l'État de droit, les valeurs démocratiques et la justice sociale. La décision avait peut-être le désir d'assurer plus d’efficacité et de transparence, de corriger le mépris des procédures régulières et la partisannerie politique et idéologique. Toutefois elle risque de causer des dommages durables à la société civile, d’amplifier le mépris des droits de l'homme et de rendre problématique l’aide humanitaire internationale.

Ainsi, la deuxième est d’ordre moral. Depuis sa création le 3 novembre 1961 par un décret du président John F. Kennedy, USAID fondée dans le but de coordonner l'aide au développement des États-Unis à l'étranger a réalisé des grands services à l’humanité tout en créant le gros problème de la dépendance. Un questionnement doit provoquer la réflexion de toute aide humanitaire : a-t-on le droit de créer cette dépendance, et, tout d’un coup, de laisser tomber l’aide humanitaire qui l’a créée ? A-t-on le droit de mettre en place un système de relations publiques, économiques, sanitaires, éducatives et tout d’un coup le détruire car il ne sert plus certains intérêts ?

Trump essaie de créer une image ou il est craint dans le monde. Les morts par manque de médicament ou de nourriture ne l'empêcheront pas de dormir tant que son règlement de comptes personnel n’est pas assouvi. Toutefois – c’est la thèse du Monde -, « Une fois le décor planté et la révolution lancée – celle de Mao -, elle a mené sa propre vie, engendrant des conséquences inattendues, que même les plus brillants stratèges n’auraient pas pu anticiper ». Avec Trump, les relations internationales en sont bouleversées, l’image des USA déclinant encourage des pays à se rapprocher de la Chine, d’autres à se mettre debout et à se rendre moins dépendants de l'aide étrangère. La désinformation en acquérant un nouvel espace s’amplifiera à tel point que plusieurs hypocrisies et mensonges resteront sin masque. Dans ce marasme qui redimensionnera USAID, espérons pour le bien du futur, que, les fruits pourris tombés, les bons trouvent un espace pour refleurir à nouveau, car même pour ses vengeances l’administration Trump finira par produire de bons effets dans quelques domaines.

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Les commentaires de nos lecteurs (1)

Bertha Recalde 29.03.2025 Muy interesante este análisis. Con excepción de los demócratas fanáticos que se habían estado beneficiando de la USAID, todo el resto de los americanos estamos de acuerdo con lo que se ha hecho. En mi opinión personal, me da mucho coraje de ver como los corruptos se enriquecían, las personas malas endemoniadas como el viejo Soros utilizaba el dinero que recibía para implantar su idea socialista/comunista en todo el mundo, este dinero también promocionada el caos y la inestabilidad local, y lo peor de todo es que no ayudaban a los propios ciudadanos dentro de los EE.UU. Muchos veteranos, jubilados, etc. viviendo en las calles porque lo que reciben de jubilación no les alcanza para vivir. Muchos mayores de los 75 todavía trabajando para poder pagar un seguro médico cuando a los ilegales todo se les daba gratis. El artículo es muy cierto cuando dice que Trump está remeciendo el árbol para q los frutos podridos caigan... y sí que hay bastante podredumbre ahí.